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Les Pratiques

Des projets qui restent encore modestes

Les Pratiques | Expériences & Outils | publié le : 03.05.2005 | Anne Bariet avec Bruno Lecoeuche, Christian Robischon

Comment sont dépensés les 350 millions d'euros alloués aux contrats de site ? Pas de projets exceptionnels, mais des aides modestes : soutien au développement d'entreprises ou d'activités déjà en place, création de parcs d'activités, implantation d'entreprises logistiques ou agroalimentaires,... Bilan à mi-parcours.

Longwy peut-il vivre sans Daewoo, Angers sans ACT Manufacturing, ou encore Romorantin sans Matra ? Lancés le 26 mai 2003, au lendemain du dépôt de bilan de Metaleurop, les contrats de site, destinés à redynamiser les zones touchées par les licenciements massifs, commencent à prendre forme. Aujourd'hui au nombre de douze, ils fournissent le cadre d'un partenariat actif entre les différents acteurs locaux, sous l'autorité du préfet du Département.

Redynamisation

Deux axes de développement se dégagent : d'un côté, la redynamisation industrielle, de l'autre, la mobilisation de moyens exceptionnels pour le reclassement à travers des cellules emploi et des plans de formation. Une grande partie de ces contrats devraient arriver au bout de l'échéance fixée, fin 2005, voire 2006. Pour quels résultats ? Sans viser un effet Toyota comme à Valenciennes ou encore l'implantation de centres d'appels générant des centaines d'emplois, la plupart des contrats misent surtout sur des projets modestes, et, en particulier, sur le développement endogène des PME-PMI déjà en place afin de diversifier l'activité des bassins d'emploi concernés.

C'est, par exemple, le cas à Noyelles-Godault. Pour tourner la page de Metaleurop, les pouvoirs publics comptent s'appuyer sur le soutien à la création d'entreprise, grâce notamment au concours de la Finorpa, une société de conversion qui accompagne les porteurs de projets, et à l'aide de la Sofaris apportant une garantie d'emprunt exceptionnelle (jusqu'à 70 % des concours bancaires dans la limite de 762 000 euros). D'après Marc Touchon, secrétaire général adjoint de la préfecture du Nord-Pas-de-Calais, 52 dossiers sont, ainsi, dans « les tuyaux », pouvant générer 799 emplois.

Longwy fait également la part belle à la création de projets des entreprises du cru. Pas question, cette fois, de faire les yeux doux aux investisseurs étrangers, les déboires du coréen Daewoo étant encore présents dans toutes les têtes. La CCI apporte des fonds propres aux PME porteuses de projets. Cette solution a également été retenue à Belfort-Montbéliard, touché notamment par la fermeture d'Alstom. Ici, la coordination a, toutefois, été compliquée. Il a fallu plus d'un an pour que le conseil régional et l'Oséo-BDPME s'entendent pour mettre en place la garantie financière du PPD (Prêt participatif de développement), un levier supplémentaire pour obtenir un prêt bancaire classique. En deux mois de fonctionnement, cinq dossiers d'entreprise ont déjà été validés, ils doivent permettre de créer 80 emplois en trois ans.

L'autre particularité des contrats de site tient au développement des zones d'activité. L'ambition étant, à chaque fois, de renforcer l'attractivité des territoires pour accueillir de nouvelles entreprises. C'est notamment le parti pris d'Argentan (Orne), touché par la fermeture, en 2003, de la fonderie APM et de MIC, un producteur de biens d'équipement. Les nouveaux parcs d'activités (trois projets en cours) devraient accueillir 427 emplois. A Angers, également, la réalisation du parc d'activités de Saint-Barthélémy-d'Anjou a été accélérée, ce qui a notamment permis d'accueillir la centrale d'expédition de Rémy Cointreau.

Zones d'activité

Pour quels types d'activités ? Par secteur, l'agroalimentaire arrive en bonne place. « Ce sont des entreprises qui ont encore des gros projets de développement », indique cet observateur économique. La logistique arrive en seconde place. On peut retenir, par exemple, l'implantation de Toupargel, spécialisé dans la logistique des produits surgelés, à Argentan ou bien du soldeur-faillitaire Noz qui s'est installé à Romorantin et à Angers, sur le site d'ACT Manufacturing.

Ce secteur offre, de plus, une chance de réinsertion aux salariés peu ou pas qualifiés. Enfin, l'industrie reste présente, mais sur quelques niches, la recherche, par exemple, avec l'installation du centre de recherche de Magnetti-Marelli, sous-traitant automobile à Argentan, ou encore la construction de quads (AXR), à Romorantin.

Des contrats inaboutis

Les objectifs seront-ils tenus ? Tous les contrats de site ne sont pas aboutis. A Tarbes, le contrat de site a été signé en mars dernier, soit avec plus de un an de retard par rapport aux premiers contrats. Les partenaires commencent juste à élaborer le contenu du projet. A Belfort-Montbéliard, le travail n'a vraiment commencé que depuis deux mois, et on est encore loin du compte pour atteindre l'objectif des 1 000 emplois prévu par les pouvoirs publics (600 emplois endogènes et 400 exogènes). A Longwy, l'évaluation du contrat de site est encore difficile. Un peu plus avancé, le bassin de Noyelles-Godault revendique la création de 256 emplois (sur un objectif de 1 000 en quatre ans) et celui d'Angers se félicite d'avoir mené à bien tous les projets décidés lors de la signature du contrat, le 21 novembre 2003.

Il faudra, toutefois, attendre l'été prochain pour avoir un véritable bilan chiffré. Il sera dressé par la Datar (Délégation à l'aménagement du territoire). Un bon moyen pour comprendre l'utilisation à bon ou mauvais escient de l'argent public. 350 millions d'euros sont, en effet, alloués aux contrats de site sur la période 2003-2006.

Auteur

  • Anne Bariet avec Bruno Lecoeuche, Christian Robischon