«Pour le développement d'une culture de la sécurité préventive.» Tel est l'appel conjoint qu'ont lancé, le 28 avril dernier, à l'occasion de la Journée internationale de la sécurité et de la santé au travail, le Bureau international du travail (BIT) et l'Organisation mondiale de la santé (OMS).

Les deux organisations s'inquiètent, notamment, de l'explosion du nombre des accidents du travail et des maladies professionnelles dans les pays nouvellement industrialisés. Selon les estimations du BIT, les accidents mortels du travail auraient, par exemple, sensiblement augmenté en Chine, passant de 73 000 à 90 500 entre 1998 et 2001. Le nombre des accidents entraînant au moins trois jours d'arrêt serait, dans ce pays, passé de 56 millions à 69 millions durant cette même période. « Dans ces pays nouvellement industrialisés, la plupart des travailleurs viennent des régions rurales. Ils sont peu qualifiés et ils ignorent pratiquement tout de la sécurité au travail », a indiqué Jukka Takala, directeur du programme Safework au BIT.

Placée sous le signe de la prévention, la Journée internationale de la sécurité et de la santé au travail mettait également l'accent sur la santé et la sécurité dans le secteur de la construction (environ 60 000 accidents du travail mortels par an) ainsi que sur les jeunes et les travailleurs âgés. A cette occasion, le BIT a rappelé quelques chiffres effrayants. Entre 2 et 2,3 millions de personnes meurent, chaque année, dans le monde à cause de leur travail. Sur ce total, 350 000 décès sont dus à des accidents et entre 1,7 et 2 millions à des maladies d'origine professionnelle. Chaque année, les salariés sont victimes de 270 millions d'accidents du travail entraînant une incapacité temporaire de plus de trois jours. Sur le plan économique, les préjudices liés à la santé au travail grèvent, à hauteur de 4 %, le produit intérieur brut mondial.

Cet événement international, auquel se sont associés une centaine de pays, a eu un très faible retentissement en France. Le ministère de l'Emploi et de la Cohésion sociale, qui a pourtant lancé, en février dernier, son Plan santé au travail 2005-2009, s'est contenté de saluer cette initiative. En France, deux personnes meurent, chaque jour, sur leur lieu de travail, et près de 40 000 maladies professionnelles sont recensées chaque année. L'association des accidentés de la vie (Fnath) a demandé que le gouvernement français reconnaisse « cette date comme journée de commémoration comme l'ont déjà fait, par exemple, les gouvernements de Belgique, du Portugal, de l'Espagne ou du Brésil ».