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Enquête

La PME met l'accent sur la diversité des parcours

Enquête | publié le : 19.04.2005 | V. Q.

Membre du Centre des jeunes dirigeants (CJD), le patron de la PME grenobloise NEF s'engage dans des actions de parrainage de jeunes issus de l'immigration et travaille à la diversité dans son entreprise.

L'entreprise NEF est l'une des trois PME signataires de la charte de la diversité dans l'entreprise. Son dirigeant, Jean-Luc Gaidon, explique sa sensibilité à ce thème par son engagement dans le Centre des jeunes dirigeants (CJD), dont l'objectif est de réconcilier l'économique et le social : « On n'y entre que si l'on a des convictions. »

Observatoire

Et c'est bien par conviction qu'il a monté, en 1999, avec l'Observatoire des discriminations des territoires interculturels (ODTI) et d'autres entreprises de la région grenobloise, une formation à destination des jeunes diplômés issus de l'immigration. L'ODTI avait été saisi de demandes d'instruction de plaintes de la part des jeunes s'estimant discriminés, et avait contacté des entreprises pour vérifier la validité de ces plaintes.

Au vu de la réalité de la discrimination, un certain nombre d'entreprises se sont engagées dans cette action, qui consiste à recevoir les jeunes, à les initier à la réalité de l'entreprise et à leur donner confiance en eux. En quatre ans, 200 jeunes ont été «formés» et leur taux d'insertion s'élève à 70 %. Jean-Luc Gaidon ne s'en satisfait pas et est frappé du déni du phénomène de la discrimination... à commencer par lui-même : « Sous prétexte que je ne suis pas raciste, je me pensais non discriminant. Et pourtant, tout mon personnel est blanc ! Même en travaillant sur le sujet, on n'est pas totalement équitable. L'ouverture à la diversité est un long apprentissage. »

Le même déni prévaut également, souligne-t-il, chez les discriminés qui se revendiquent français, à juste titre, et n'apprécient pas cette posture de victimes, même si, de fait, ils ont beaucoup plus de difficultés à trouver du travail.

Stage

S'il n'en a pas encore embauché, il a en tout cas pris en stage une jeune Française d'origine algérienne en 2004 et, cette année, un Tunisien préparant un master en e-business à Grenoble Ecole de management (ex-ESC Grenoble). « Ce garçon, par ailleurs professionnel de volley-ball, ce qui devrait retenir l'attention dans un CV, était le seul de sa promotion à n'avoir pas décroché de stage début mars. Je trouve cela scandaleux. Je ne souhaite pas faire de discrimination positive : il n'y a rien de plus humiliant que d'être dans une logique de quotas. Mais il est vrai que, à compétences égales, je porterai une attention particulière au CV d'une personne qui pourrait avoir des difficultés en raison de ses origines. »

Solidarité et loyauté

Si, pour l'instant, NEF ne se caractérise pas par la diversité des origines de son personnel, son dirigeant a mis l'accent sur la diversité des parcours, recrutant un RMiste, un objecteur de conscience, une informaticienne qui, après un congé parental de trois ans, ne retrouvait plus de travail, une diplômée des Beaux-Arts qui vivait de boulots d'appoint, devenue, depuis, chef de projet multimédia. « Les gens qui ont vécu des difficultés savent ce que c'est que l'engagement et partagent davantage le projet d'entreprise. Je pense que la solidarité induit la loyauté », soutient le patron de NEF.

Diagnostic éthique

Aujourd'hui, Jean-Luc Gaidon poursuit son engagement pour la cause de la diversité, à la fois comme patron, en faisant réaliser par l'ODTI un diagnostic éthique de son entreprise (analyse des processus de travail, des procédures de recrutement, de la documentation de l'entreprise, etc.), et comme membre du CJD, puisqu'il a intégré le comité de pilotage national de l'action que mène le groupement en faveur de la diversité, qui sera le thème fort de 2006.

nef

> Secteur : conseil en knowledge management ; e-learning.

> Effectifs : 15 salariés.

> Chiffre d'affaires : 1,1 million d'euros (2004).

Auteur

  • V. Q.