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Les Pratiques

Mission accomplie pour le plan social innovant

Les Pratiques | Expériences & Outils | publié le : 29.03.2005 | Christian Robischon

La prime d'incitation au retour rapide à l'emploi et le doublement du congé de reclassement ont joué chacun leur rôle : la majorité des licenciés s'est reclassée en moins de neuf mois, et les quelques personnes plus en difficulté apprécient le supplément de temps.

Le plan de sauvegarde de l'emploi de Wärtsilä France, adopté en avril 2004, comprenaient deux originalités. Une incitation financière au retour à l'emploi en moins de neuf mois et le doublement, à dix-huit mois, du congé de reclassement étaient proposés aux 134 licenciés secs du fabricant finlandais de moteurs industriels. La première mesure instaurait une prime complémentaire à l'indemnité conventionnelle, d'un montant dégressif selon la rapidité du retour à l'emploi : 10 000 euros pour un reclassement en trois mois, ou quatre mois pour un salarié de plus de 45 ans ; 7 500 euros pour un reclassement en six mois (ou sept mois) ; 3 500 euros pour un reclassement en sept mois (ou huit mois) ; 2 000 euros pour un reclassement en huit mois (ou neuf mois).

Par ailleurs, au lieu d'envoyer aux Assedic les salariés sans solution au bout des neuf mois légaux du congé de reclassement, Wärtsilä s'était engagée à les garder neuf mois supplémentaires dans les mêmes conditions de rémunération, soit 65 % du dernier salaire brut.

Une formule sécurisante

Un an après les premières notifications, les deux innovations ont produit l'effet attendu auprès du personnel concerné, situé pour l'essentiel au siège de Mulhouse (Haut-Rhin) et à Seclin (Nord). « Ceux qui étaient en mesure de retrouver un emploi n'ont pas perdu de temps, relate Alain Jacquiau, délégué CFE-CGC à Mulhouse. Pour ceux qui avaient du mal à faire le deuil de l'entreprise et à rebondir, la formule «neuf mois + neuf mois» est apparue sécurisante : les gens se sont montrés sereins, ils n'avaient pas une épée de Damoclès au-dessus de leur tête. »

Une opinion partagée, à la CFDT, par Michel Marquez, secrétaire du CCE : « Je n'observe pas de schéma tranché, qui voudrait que plus l'on est jeune et qualifié, mieux on se reclasse. Des ouvriers de plus de 50 ans ont vite rebondi dans une nouvelle entreprise grâce à l'atout de leur expérience, alors qu'un cadre aux compétences très ciblées n'a toujours pas de solution », précise-t-il.

Utilisation de la prime avant tout

Dans le détail des chiffres, « c'est avant tout la prime qui a été utilisée », observe Françoise Giordano, chargée du suivi du PSE chez Wärtsilä France ; 94 personnes l'ont touchée, dans la plupart des cas sans passer par l'antenne de reclassement d'Econova. Ainsi, selon la direction, 66 salariés ont retrouvé un emploi par eux-mêmes en moins de neuf mois, tandis que la cellule en a progressivement accueilli 48 autres, à partir de fin avril 2004. En février dernier, Econova avait déjà trouvé une solution durable (CDI, CDD de plus d'un an, création d'entreprise) pour 28 d'entre eux. Etant donné l'échelonnement des licenciements, prévus jusqu'à fin 2005, seules trois personnes ont, pour l'heure, bénéficié de la fameuse prolongation du congé.

Double marche arrière sur le crédit temps

Ce crédit temps est innovant et pourtant, il résultait d'une double marche arrière, de l'entreprise, puis de l'Etat. Au début de la négociation du PSE, Wärtsilä envisageait de maintenir le contrat de travail jusqu'au retour à l'emploi... sans limite de temps, en faisant apparemment fi du coût financier potentiel. Elle était revenue sur cette proposition étonnante, optant pour une prolongation du congé à dix-huit mois, mais en demandant aux pouvoirs publics un maintien de l'exonération des charges sociales. Ce que le ministère du Travail avait refusé, s'en tenant à une lecture stricte de la loi de modernisation sociale. Il a confirmé sa position en décembre dernier, lorsque la députée UMP de Mulhouse, Arlette Grosskost, a soutenu la même idée : son «amendement Wärtsilä» a été retoqué, au nom de ses conséquences financières.

Ce qui ne convainc guère ni l'élue, ni les syndicats de Wärtsilä. Selon eux, la prolongation de neuf mois serait neutre, car l'Etat économiserait en indemnités chômage ce qu'il perdrait en recettes de charges sociales.

Des licenciements échelonnés jusqu'à fin 2005

Succédant à une restructuration qui avait touché 114 personnes en 2003, le dernier PSE de Wärtsilä France a programmé 305 suppressions de poste, essentiellement à Mulhouse et à Seclin.

Les licenciements secs, échelonnés jusqu'à fin 2005, se limiteront à 134. Outre cinq démissions, l'industriel finlandais a mis en place 42 mesures d'âge et opéré 46 reclassements internes. Surtout, il a trouvé deux repreneurs partiels à Mulhouse : l'américain Waukesha s'est engagé à embaucher 8 personnes, et le japonais Mitsubishi en reprendra 70, à l'occasion de l'implantation sur le site de son centre européen pour les gros moteurs industriels, qui doit devenir effective ce printemps.

Les syndicats ont approché ce repreneur pour s'assurer du maintien des acquis sociaux, tels que l'intéressement et la mutuelle.

Quant à Wärtsilä France, ses effectifs, au terme de la restructuration, seront ramenés à 440 personnes, dont 240 au siège de Mulhouse, qui arrête la fabrication de moteurs industriels pour se concentrer sur l'après-vente.

Auteur

  • Christian Robischon