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Les Pratiques

Le rêve québécois fait aussi des déçus français

Les Pratiques | Expériences & Outils | publié le : 29.03.2005 | Ludovic Hirtzman, à Montréal

Bon an, mal an, plus de 3 000 Français partent tenter leur chance au Québec, souvent encouragés par les campagnes dans l'Hexagone des représentants de la Belle province. Certains s'intègrent facilement. D'autres déchantent.

« C'était l'aventure sans risques », raconte Francis Salvadori, en évoquant son immigration au Québec, en 2001. « Il n'y avait pas la barrière de la langue. La publicité qu'en faisait la Délégation du Québec à Paris m'a encouragé à partir, même si je n'ai rien appris de plus lors de leurs séances d'information en France », tempère ce jeune ingénieur en génie industriel de 31 ans.

Un an pour un visa de résident

Plusieurs dizaines de fois par an, les agents de la Délégation du Québec à Paris se muent en représentants afin de convaincre «leurs cousins français» de venir s'établir dans la Belle province. La formule est rodée depuis des années et les VRP du Québec viennent jusque dans les villes moyennes de l'Hexagone. Pour commencer, le prix du rêve atteint, aujourd'hui, environ 2 000 dollars canadiens (1 220 euros), en frais de dossier, visa, visite médicale... Il faut plus d'une année pour décrocher le visa de résident permanent qui permet de travailler à vie au Canada. « En deux semaines, j'ai eu quatre offres d'emploi, mais c'est loin d'être le cas pour tous les Français », précise Francis, aujourd'hui consultant pour une PME montréalaise spécialisée en implantation de systèmes SAP.

Recherche d'emploi, culture d'entreprise, relations sociales, c'est bien un océan qui sépare le Québec de la France. Partie sans visa de travail, Marine a déchanté après un premier travail de consultante pendant six mois. « J'étais mal rémunérée, sans prise en compte des heures supplémentaires », chez son deuxième employeur,. Elle est repartie en Europe, amère, après un an à Montréal.

Arrivés dans leur pays d'accueil, les immigrants découvrent que le Québec est régi par une quarantaine d'ordres professionnels et que, dans la plupart des cas, leurs diplômes européens ne sont pas reconnus. Médecins, vétérinaires, infirmières, ingénieurs ne peuvent se prévaloir de leur titre et sont obligés de reprendre des études. C'est alors que se produit la rupture.

Préparation au retour

Claude Fradette, conseiller au ministère de l'Immigration du Québec confie pourtant : « Les Français se plaisent au Québec. Après dix ans, 82 % d'entre eux sont encore au pays. » Ces chiffres sont difficilement vérifiables. Selon certaines sources, près d'un Français sur deux repartirait dès les premières années de son séjour. Le consulat général de France à Montréal organise des réunions de préparation au retour en France. Plus de 400 personnes (soit 1 200 avec les conjoints et les enfants) y ont assisté en 2004. Le Québec, «terre d'Amérique» en français, n'est pas un bout de France en Amérique, et cela, bien peu d'émigrants le comprennent.

Auteur

  • Ludovic Hirtzman, à Montréal