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Les TPE et les PME ne croient pas au DIF

Dossier | publié le : 15.02.2005 | L. G.

Une grande majorité de patrons de TPE et de PME pensent que le droit individuel à la formation (DIF) n'intéressera pas leurs salariés : c'est l'une des conclusions du baromètre annuel Agefos-PME/Ipsos.

L'Agefos-PME a présenté, en décembre dernier, les résultats de son baromètre «Perspectives 2005», une enquête annuelle sur l'emploi et la formation réalisée auprès de 501 entreprises de moins de 500 salariés entre le 13 et le 20 octobre 2004 par Ipsos. La connaissance de la réforme en cours est évidemment l'un des points majeurs de cette étude. Les résultats réservent quelques surprises.

Savez-vous que, désormais, le plan de formation doit être décliné en trois catégories d'actions et permet d'effectuer la formation en dehors du temps de travail ?

Nombre

de salariés Oui Non

1-9 19 81

10-19 46 54

20-49 60 40

50-199 89 11

200-499 92 8

Un véritable fossé sépare les TPE des grosses PME. Le taux de connaissance de ce point de la réforme est très variable selon la taille de la PME. Fortement lié à la présence d'instances représentatives du personnel (IRP), le plan de formation est surtout mis en place dans les entreprises de plus de 50 salariés.

Près d'une PME sur deux de plus de 10 personnes possède un plan de formation, alors que les TPE n'en sont que très faiblement dotées. Ce sont donc ces PME qui sont aussi les plus sensibles aux nouvelles mesures de la réforme sur ce dispositif.

Comptez-vous décliner votre plan de formation 2005 selon les actions d'adaptation au poste de travail, les actions liées à l'évolution ou au maintien dans l'emploi et les actions de développement des compétences des salariés ?

Nombre

de salariés Oui Non

1-9 26 71

10-19 39 56

20-49 47 47

50-199 71 20

200-499 72 25

Tendance identique à la question précédente, mais de manière moins marquée. En toute logique, les entreprises de plus de 50 salariés sont les plus proactives : près des trois quarts d'entre elles comptent décliner leur plan 2005 selon les trois catégories d'actions (actions d'adaptation au poste de travail, actions liées à l'évolution ou au maintien dans l'emploi et actions liées au développement des compétences).

Comptez-vous proposer, dans votre plan de formation 2005, des formations hors temps de travail comme la nouvelle loi le permet ?

Nombre

de salariés Oui Non

1-9 33 60

10-19 36 60

20-49 35 60

50-199 36 54

200-499 47 41

Les avis se rapprochent : seuls 14 points séparent les TPE des grosses PME. Les PME de plus de 200 salariés sont les plus volontaires, notamment parce que certainement les mieux informées sur cette nouvelle disposition.

Pour autant, elles «marchent sur des oeufs» : 41 % d'entre elles n'envisagent pas la formation hors temps de travail. L'attente d'un accord de branche, les réactions syndicales, et le fait de vouloir freiner le budget «allocation de 50 % du salaire net» expliquent cette réticence. De plus, la question de l'appétence des salariés reste entière aux yeux des dirigeants et des DRH.

Connaissez-vous le droit individuel à la formation ?

Nombre

de salariés Oui Non

1-9 20 80

10-19 36 64

20-49 58 42

50-199 80 20

200-499 94 6

A nouveau, le taux de notoriété du Droit individuel à la formation (DIF) varie fortement selon la taille de l'entreprise. Ainsi, seules 20 % des TPE affirment connaître ce dispositif, contre 94 % des PME de plus de 200 salariés. Pour les petites entreprises, ces chiffres traduisent une méconnaissance d'un dispositif sur lequel, vraisemblablement, elles ne vont s'interroger qu'à partir de l'année prochaine. Le travail d'information nécessaire est encore énorme.

Pensez-vous que, dans votre entreprise, les salariés qui vont demander à utiliser leur DIF seront une majorité, une minorité ou une très faible minorité ?

Nombre

de salariés Maj. Min. Faible

1-9 9 20 66

10-19 4 27 67

20-49 4 27 65

50-199 6 39 54

200-499 5 54 34

Surprise. Les dirigeants et les DRH interrogés ne croient pas au DIF, dans le sens où ils émettent de sérieuses réserves quant à l'appétence des salariés pour celui-ci ; 86 % des TPE et 91 % des autres PME estiment que seule une minorité, voire une très faible minorité de salariés sera susceptible de le demander. Un clivage apparaît cependant entre les PME de moins et de plus de 50 salariés. Ces dirigeants et DRH sont-ils tout à fait lucides ? Pas si sûr.

D'ailleurs, Bernard Capron, vice-président (CGPME) de l'Agefos-PME, ne partage pas leur avis : « Environ 600 000 personnes actives, toutes situations d'emploi confondues, se forment aujourd'hui en dehors du cadre de l'entreprise. On peut supposer que ces personnes vont vouloir faire jouer le DIF », observe-t-il.

Dans le cadre d'un DIF, comptez-vous laisser le salarié choisir le contenu de sa formation ou souhaitez-vous l'inciter à choisir une formation répondant aux besoins de l'entreprise ?

Nombre

de salariés Choix sal. Choix emp.

1-9 24 74

10-19 18 80

20-49 18 80

50-199 24 70

200-499 17 75

Là encore, malgré quelques nuances dues aux différences de taille, les positions sont globalement proches : le DIF sera encadré ! Plus des trois quarts des entreprises souhaitent que l'utilisation du DIF réponde à leurs besoins. Les accords de branche ou d'entreprise définiront les actions à mettre en place prioritairement dans le cadre du DIF.

Pensez-vous que le DIF risque d'engendrer une forte augmentation de votre budget de formation ?

Nombre

de salariés Oui Non

1-9 41 44

10-19 39 56

20-49 45 51

50-199 38 60

200-499 44 45

Les avis sont très partagés sur cette question. Pour 41 % des entreprises interrogées, le DIF va engendrer une forte augmentation de leur budget de formation, opinion partagée par les TPE et les plus grandes PME. Ceci est assez paradoxal avec la réponse à la question sur l'appétence des salariés pour le DIF ; 86 % des PME estimant que le DIF ne concernera qu'une minorité de salariés. Cela révèle surtout l'indécision des entreprises, qui manquent de visibilité sur la question.

Avez-vous eu connaissance de la création du contrat de professionnalisation, dispositif unique qui remplace les contrats de qualification, d'adaptation et d'orientation ?

Nombre

de salariés Oui Non

1-9 16 84

10-19 29 71

20-49 51 49

50-199 77 21

200-499 82 17

Encore un «effet notoriété» montrant combien les TPE sont sous-informées. Connu globalement par 22 % des PME interrogées, le contrat de professionnalisation jouit d'une notoriété encore fortement liée à la taille de l'entreprise ; 77 % des PME de 50 à 199 salariés et 82 % de celles de plus de 200 personnes en ont connaissance.

En revanche, ces taux passent à 29 % pour les entreprises de 10 à 19 salariés, pour ne pas dépasser 16 % dans les TPE. Ces écarts importants sont d'autant plus surprenants que les plus petites entreprises sont traditionnellement les plus grandes utilisatrices des contrats d'al-ternance. A noter que, paradoxalement, ce dispositif semble moins connu que le DIF.

Le contrat de professionnalisation vous semble-t-il plus attrayant, moins attrayant ou aussi attrayant que les anciens contrats en alternance ?

Nombre

de salariés +att. -att. = att.

1-9 37 8 39

10-19 37 5 42

20-49 31 9 50

50-199 22 15 54

200-499 32 13 46

Lueur d'espoir : une fois informées sur les nouveaux contrats d'alternance, les TPE et les PME sont favorables à ce nouveau dispositif, et le trouvent même plus attrayant que l'ancien !

Précision : 18 % des intentions de recrutement des PME de plus de 10 salariés concernent le contrat de professionnalisation pour les moins de 26 ans, un taux qui passe à 16 % pour les plus de 26 ans.

Avez-vous eu connaissance de la création de la période de professionnalisation ?

Nombre

de salariés Oui Non

1-9 15 85

10-19 24 75

20-49 36 64

50-199 57 41

200-499 79 21

La période de professionnalisation est le dispositif de la réforme le moins connu : 19 % au global. Comme pour les autres mesures, une différence existe entre les entreprises dont l'effectif est inférieur à 50 salariés et celles de plus de 50 personnes, ces dernières étant les mieux informées. Face à la période de professionnalisation, les intentions des entreprises varient, mais elles sont seulement 27 % à envisager d'y recourir pour leurs salariés.

Avez-vous l'intention de recourir à la période de professionnalisation pour vos salariés ?

Nombre

de salariés Oui Non

1-9 15 85

10-19 24 75

20-49 36 64

50-199 57 41

200-499 79 21

Bien que variables selon la taille de l'entreprise, ces réponses montrent plutôt un non-recours à la période de professionnalisation. Le manque d'informations dans ce domaine, l'ignorance des accords de branche et l'absence de priorités édictées par les Opca en la matière expliquent ce taux de réponses négatives.

Votre entreprise est-elle dotée d'un plan de formation ?

Nombre

de salariés Oui Non

1-9 21 78

10-19 32 68

20-49 54 46

50-199 82 17

200-499 92 7

En raison, notamment, de l'obligation de consultation des instances représentatives du personnel, l'élaboration du plan de formation est essentiellement le fait des entreprises de plus de 50 salariés. Dans l'ensemble, près de la moitié des PME de plus de 10 salariés établit son plan de formation, procédure qui reste marginale pour les très petites entreprises.

Votre entreprise dispose-t-elle aujourd'hui des compétences nécessaires ou en a-t-elle besoin de nouvelles ?

Nombre

de salariés Dispose Besoin

1-9 73 27

10-19 66 33

20-49 59 40

50-199 64 35

200-499 61 36

Nouveau paradoxe : les PME estiment disposer des compétences nécessaires. En fait, depuis 2002, de plus en plus de très petites entreprises (73 %) se déclarent satisfaites des compétences dont elles disposent.

Cette forte évolution (+ 15 points entre 2002 et 2004) peut traduire un recentrage progressif de ces entreprises sur leurs qualifications internes.

Cette année, seules 37 % des grandes PME font part de besoins en compétences, alors qu'elles étaient 50 % l'an passé.

Seriez-vous prêt à prendre du temps sur vos loisirs pour suivre une formation professionnelle ?

Ensemble des salariés Salariés du secteur public Salarié du secteur privé

(398 personnes) (598 personnes)

Oui, certainement 43 42 45

Oui, probablement 31 30 32

Sous total oui 74 72 77

Non, probablement pas 10 11 9

Non, certainement pas 15 16 13

Sous total Non 25 27 22

Quelles sont, parmi les formations professionnelles qui pourraient vous être proposées par votre employeur, celles qui vous intéressent en priorité ?

Ens. des sala. Ouv. (277) Empl. (281) Prof. inter. (269) Cadres (161)

Directement liées à mon act. pro. 49 45 45 57 46

Facilitant mon évo. pro. dans mon entr. 44 50 45 39 40

Développement personnel 25 19 25 28 28

Formations générales 22 16 22 25 26

Formations diplômantes 17 15 16 19 18

Formations d'intérêt personnel 15 18 15 13 12

(1) Sondage Louis-Harris réalisé pour Randstad du 26 novembre au 4 décembre 2004, par téléphone, après de 996 salariés.

Les salariés prêts à se former en dehors de leur temps de travail

Un sondage Louis-Harris pour Randstad (1) vient confirmer la bonne volonté et la lucidité des salariés en matière de formation professionnelle continue : ils sont très majoritairement d'accord pour accepter de se former en dehors de leur temps de travail, et leurs premiers souhaits en matière de contenus pédagogiques sont les formations directement liées à leur activité professionnelle et celles facilitant leur évolution dans leur entreprise. Cela se vérifie aussi bien pour les salariés du privé que pour ceux du public, qu'ils soient ouvriers ou cadres.

Sondage : les salariés veulent des entreprises impliquées

Les salariés ont une vision assez lucide du rôle et de l'importance de la formation professionnelle dans leur environnement de travail. Ils lui accordent une importance moindre qu'à l'ambiance de travail, l'autonomie, les relations avec le supérieur hiérarchique et le salaire. Mais ils estiment que l'implication de leur entreprise dans leur formation est un enjeu prioritaire. C'est ce qui ressort d'un sondage réalisé par Ipsos en novembre 2004 pour Accor services.

A la question : « Quelles sont les influences de vos possibilités de formation sur votre environnement de travail ? », 17 % répondent qu'elles sont essentielles, 22 % qu'elles sont très importantes, 29 % assez importantes, et 30 % peu importantes.

Mais, à la question : « Quelle doit être l'implication de votre entreprise dans l'aide à votre formation personnelle ? », 43 % des salariés répondent qu'elle doit être prioritaire, 40 % importante, et 16 % secondaire.

Auteur

  • L. G.