logo Info-Social RH
Se connecter
Newsletter

Enquête

Bâtir en toute sécurité

Enquête | publié le : 08.02.2005 |

Image

Bâtir en toute sécurité

Crédit photo

En dix ans et deux contrats de prévention conclus avec la Cram du Sud-Est, l'entreprise de bâtiment Jack Sautel a amélioré le niveau de sécurité de ses équipements et formé ses chefs de chantier au management de la sécurité.

Fracture du bassin et du poignet, un mois d'hospitalisation, trois autres en fauteuil roulant : il y a cinq ans, Jack Sautel tombait dans un trou de1,40 mètre de profondeur sur l'un de ses chantiers. La sécurité avait été mal assurée. « Pourtant, la prévention des risques a toujours été mon souci », rappelle le gérant des établissements éponymes installés à Maussane-les-Alpilles, au pied des Baux-de-Provence.

Dès 1996, il conclut un premier contrat de prévention avec la Cram du Sud-Est. Celui-ci permet aux entreprises de faire financer une partie de leurs investissements en matière de prévention. Jack Sautel achète un échafaudage, une nacelle et un tractopelle, et perçoit une aide équivalente à 20 à 30 % de l'investissement, selon l'équipement. « Les principaux risques auxquels mes ouvriers sont exposés sont liés à la hauteur. Aussi, je suis très attentif aux dispositifs de sécurité mis en place sur les nacelles et les échafaudages », précise-t-il.

Ses trois chefs de chantier bénéficient aussi d'une formation «gestes et postures». L'organisme de formation retenu est financé à 50 % par la Cram. « Après mon accident, j'ai décidé de conclure un deuxième contrat de prévention et de mettre l'accent sur la formation », explique le gérant.

Responsabilité pénale

Cinq ouvriers se préparent à l'obtention du Caces (certificat d'aptitude à la conduite en sécurité). Deux chefs d'équipe suivent une formation ciblée sur le management de la sécurité. Leur patron les accompagne. « Nous avons pris la mesure de notre responsabilité pénale en cas d'accident. C'est tellement effrayant que j'ai supprimé l'apéritif qui traditionnellement accompagnait la distribution de la paie à la fin du mois. Les ouvriers n'ont pas bien compris pourquoi je les privais de ce moment convivial. Mais si jamais l'un d'eux avait un accident en repartant, après avoir bu de l'alcool sur le lieu de travail... », note-t-il.

Elaboration du document unique

Ce deuxième contrat permet aussi d'investir dans une seconde nacelle. Son coût, 75 000 euros, est financé à 25 % par la Cram. Dans la foulée, Jack Sautel se plie aux exigences du décret du 5 novembre 2001 qui oblige tous les employeurs à élaborer et à tenir à jour un document unique recensant l'ensemble des risques dans l'entreprise, pour la santé et la sécurité des salariés. Il envoie aussi 15 de ses ouvriers se former au secourisme. Lui-même est moniteur bénévole.

Aujourd'hui, Jack Sautel souhaiterait conclure un troisième contrat de prévention. Il veut investir dans de nouveaux équipements de sécurité sur un échafaudage. Mais la branche du bâtiment et la Cnam n'ont pas encore reconduit la convention d'objectifs qui organise ce dispositif. « Je vais donc patienter. Je veux continuer à travailler avec la Cram. Je la considère comme un véritable partenaire. » Lequel l'a distingué en 2004, en lui attribuant le Bouclier d'or de la prévention.

Difficultés à convaincre et à organiser

« La vraie difficulté est de faire passer le message aux ouvriers, qui ne veulent pas toujours se plier aux règles de sécurité. Et, pour une petite PME, c'est aussi de s'organiser. J'ai 20 salariés et un carnet de commandes plein jusqu'au mois d'août. Il m'est impossible d'envoyer un gars en formation sur une semaine pleine. Il faut l'échelonner sur plusieurs demi-journées, explique Jack Sautel. Evidemment, la prévention a aussi un coût, poursuit-il. Par exemple, j'ai investi 3 850 euros dans les trois formations, dont seule la moitié a été financée dans le cadre des contrats de prévention. Mais, finalement, la totalité des dépenses que j'ai engagées en matière de sécurité représente à peine 1 % de mon chiffre d'affaires. Et, sur le long terme, je sais que j'y retrouve mes billes. » M.-P. V.

ets. jack sautel

> Activité : bâtiment, rénovation.

> Effectifs : 20 salariés.

> Chiffre d'affaires : 1,3 million d'euros en 2003.