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Les Pratiques

L'Unedic reconduit sa collaboration avec le privé

Les Pratiques | Expériences & Outils | publié le : 11.01.2005 | Rodolphe Helderlé

Il y a plus d'un an, l'Unedic expérimentait l'accompagnement de chômeurs par le cabinet privé Maatwerk. Une expérience jugée satisfaisante, qui a convaincu les services publics de l'emploi de renouveler l'opération. Cette fois, avec le cabinet Ingeus.

Fin 2003, l'Unedic inaugurait avant l'heure le recours au privé pour le placement des chômeurs. Dans le cadre d'une expérience de coaching longue durée (neuf mois), six Assedic des Yvelines et des Hauts-de-Seine confiaient au cabinet de reclassement néerlandais Maatwerk l'accompagnement de quelques-uns de leurs demandeurs d'emploi. Les critères d'éligibilité ? Etre au chômage de longue durée, c'est-à-dire depuis plus d'un an, être allocataire de l'assurance chômage et être âgé de plus de 45 ans ou de moins de 25 ans.

Grincements de dents

Une initiative qui n'a pas été du goût de tout le monde. En effet, la direction de l'ANPE a reproché à l'Unedic le manque de concertation avec ses services. Grincements de dents également du côté des organisations syndicales maison qui ont dénoncé de concert la porte ouverte à la privatisation du service de l'emploi. Sur les 1 800 candidats potentiels qui avaient été informés de cette opportunité par courrier, 640 ont répondu présents et ont assisté aux réunions d'information, mais seuls 178 ont choisi d'aller plus loin et de participer à un entretien de sélection. In fine, 150 ont été retenus, début 2004. Coachés, dans les locaux des Assedic concernées, par les sept conseillers de Maatwerk, 67 ont retrouvé un poste en contrat à durée indéterminée et 37 en contrat à durée déterminée de plus de six mois. Un bilan jugé « satisfaisant » du côté de l'organisme paritaire.

« Pendant les trois premiers mois, les conseillers ont passé 60 % de leur temps à cerner les profils des personnes qu'ils accompagnaient. Le reste de leur emploi du temps était consacré à la prospection des offres sur le terrain. Ensuite, cette proportion s'est inversée, la prospection devenant l'activité essentielle des consultants », explique Stéphane Niger, directeur général de Maatwerk France, précisant, par ailleurs, que ces derniers n'ont pas utilisé le fichier de l'ANPE.

Bis repetita

Forte de ces résultats, l'Unedic va lancer une nouvelle expérience d'accompagnement en février prochain. Cette fois, l'Unedic a associé l'ANPE dès le départ, lors de la signature du contrat en septembre 2004. Sans appel d'offres, l'Unedic a choisi Ingeus, cabinet australien, spécialisé dans le reclassement des handicapés et des prisonniers. Il sera l'heureux élu pour accompagner 6 000 demandeurs d'emploi indemnisés sur deux ans. Premières villes au programme : Rouen et Lille. Maatwerk n'a pas été retenu pour conduire cette nouvelle mission. Le cabinet est, néanmoins, toujours en affaire avec le secteur public ; il aurait, en effet, signé avec un conseil général afin d'assurer le placement de RMistes.

Un outil informatique de «profilage»

Avec Ingeus, la sélection des candidats éligibles au coaching, désormais de dix mois, a évolué. L'idée consiste à identifier, dès leur premier entretien à l'ANPE, les profils présentant des risques de chômage longue durée. Pour cela, un outil informatique de «profilage» a été développé et mis à la disposition des conseillers ANPE. Le système évalue le risque de chômage longue durée d'un nouvel inscrit en établissant des corrélations entre les informations relatives à son profil et les parcours de profils similaires enregistrés dans la base de données. Pour Jean-Marie Marx, directeur général adjoint en charge du développement des services à l'ANPE, « ce coaching est onéreux. Il est donc essentiel de concentrer les moyens sur les publics dont le risque de chômage de longue durée a été identifié ».

L'accompagnement se déroule, ensuite, dans des agences Ingeus implantées à Rouen et à Lille. Dans chacune d'elles, vingt consultants seront recrutés pour cette mission. « Nous cherchons des profils très différents. Des juniors comme des seniors, d'un niveau bac +3, issus de tous les secteurs. L'expérience RH n'est pas indispensable. L'écoute est, en revanche, essentielle, de même que la capacité à savoir faire preuve de punch », déclare Jean-Louis Tauzin, responsable de la toute nouvelle filiale d'Ingeus en France, qui occupait, jusqu'en octobre 2004, le poste de directeur de l'Assedic de Haute-Normandie.

Nouveaux tarifs

Mattwerk percevait, en cas de retour à l'emploi, 3 800 euros dont 1 200 euros garantis quel que soit le résultat. Il a été décidé qu'Ingeus percevra entre 2 150 et 3 000 euros pour chaque chômeur, selon l'âge de ce dernier. Cette somme sera complétée en cas de succès dans le reclassement (c'est-à-dire lors d'un placement de plus de six mois). Un tarif plus attractif pour le privé !

Auteur

  • Rodolphe Helderlé