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Les éthers de glycol devant le tribunal

L'actualité | publié le : 11.01.2005 | J.-F. R.

Une mère de famille accuse son ancien employeur d'être responsable du handicap de sa fille, dû, selon elle, à une période d'exposition aux éthers de glycol alors qu'elle travaillait dans une PME de sérigraphie.

Le 3 janvier dernier, se déroulait, au tribunal de grande instance de Paris, le premier procès mettant en cause l'utilisation des éthers de glycol en milieu professionnel. Il opposait Claire Naud, qui a accouché en 1992 d'une petite fille lourdement handicapée, à son ancien employeur, la société Sérigraphie Aquitaine Flocage (SAF).

Pour la plaignante, aucune raison médicale n'explique les malformations de sa fille Roxane. Claire Naud met en avant le fait d'avoir été, au début de sa grossesse, en contact avec des éthers de glycol présents dans les encres et les solvants utilisés. En réparation du préjudice subi, elle demande que son ex-employeur, ainsi que trois de ses fournisseurs, soient déclarés civilement responsables. Elle réclame aussi le versement de dommages et intérêts pour elle et sa fille. Pour les avocats de SAF, « rien ne démontre que la jeune Roxane ne souffre pas d'une maladie génétique non encore répertoriée ».

Contentieux judiciaires

Le jugement a été mis en délibéré au 8 mars prochain. Cette affaire entame, probablement, une longue série de contentieux judiciaires lancés par des salariés exposés à ces éthers dans le cadre de leur travail. Selon l'Association des victimes des éthers de glycol (Aveg), 80 dossiers de victimes sont déjà constitués. Quatre éthers de glycol de type E (EGME, EGMEA, EGEE, EGEEA) ont été classés, en 1993, par l'Union européenne, comme toxiques pour la reproduction. Mais leur dangerosité sur la santé est démontrée depuis le début des années 1970. Il a fallu attendre 1997 pour que les pouvoirs publics prennent l'initiative d'une première réglementation, interdisant à la vente certains éthers utilisés dans les produits à usage domestique. En septembre dernier, une interdiction similaire a été prise pour les produits cosmétiques.

Mesures d'interdiction

Dans un communiqué, la CFDT a de nouveau demandé au gouvernement « de prendre des mesures d'interdiction des éthers de glycol dans les entreprises » : « Le principe de précaution qui a prévalu pour les produits de consommation contenant des éthers de glycol doit s'étendre au monde du travail. » Une requête relayée par l'Association des accidentés de la vie (Fnath).

Une étude de l'Inserm, présentée le 7 décembre dernier, a encore enfoncé le clou. Portant sur des salariés de la Mairie de Paris et de la RATP, elle a révélé une atteinte de la qualité du sperme sur ces deux populations, neuf ans après l'arrêt de l'exposition aux éthers de glycol.

Auteur

  • J.-F. R.