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Les Pratiques

Les syndicats suisses attaquent à l'OIT

Les Pratiques | Expériences & Outils | publié le : 04.01.2005 | Christian Robischon

Rompant avec une tradition de conciliation, la principale organisation syndicale suisse attaque le gouvernement devant l'Organisation internationale du travail (OIT) pour discrimination antisyndicale.

Au pays du consensus, l'initiative de l'Union syndicale suisse (USS) relève de la plus grande audace. La principale confédération de salariés du pays (400 000 adhérents annoncés) a attaqué le gouvernement devant l'Organisation internationale du travail (OIT) pour discrimination antisyndicale. Elle lui reproche une législation peu protectrice qui aurait favorisé la «multiplication», ces dernières années, des licenciements de syndicalistes. « Le régime d'indemnisation, identique à celui du travailleur lambda, prévoit un maximum de six mois de salaire, qui est souvent ramené à trois par les tribunaux. Et la loi n'impose pas la réintégration du délégué licencié abusivement », déplore Romolo Molo, avocat de l'USS. Dans son rapport intermédiaire de novembre, l'OIT invite le gouvernement à instaurer une « protection réellement efficace ».

Faible combativité

L'USS justifie son offensive comme une riposte au « durcissement des rapports sociaux » qu'elle décèle dans l'attitude du patronat depuis une dizaine d'années. Pourtant, les syndicats helvétiques auraient encore du chemin à parcourir en matière de combativité, à entendre Charles Flory, président du Comité de protection des travailleurs frontaliers alsaciens, qui les côtoie lors des plans sociaux touchant des Français. « Leur mentalité est trop souvent imprégnée du «contentons-nous de ce que le patron nous donne». » Il est vrai que subsistent des «syndicats maison» peu revendicatifs, par exemple dans la chimie-pharmacie. Dans ce contexte, le taux de syndicalisation global de plus de 25 % doit être relativisé. « Les conventions collectives ne couvrent que 50 % de l'emploi privé, dans des secteurs traditionnels comme le BTP, la mécanique, l'imprimerie ou l'horlogerie », expose Pietro Cavadini, porte-parole de l'USS.

Paritarisme peu connu

Par ailleurs, le paritarisme demeure une notion largement méconnue. Il se limite, pour l'essentiel, à la cogestion des caisses de retraite complémentaires des grandes entreprises. Les compagnies d'assurances gèrent les caisses communes aux PME et la quasi-totalité du régime d'assurance-maladie. L'assurance vieillesse et chômage est pilotée par l'Etat. La justice prud'homale repose sur une procédure de conciliation dans laquelle siègent, à parité, les partenaires sociaux, plus un arbitre extérieur. « De fait, c'est ce dernier qui décide », reconnaît Pietro Cavadini. Les défenseurs de la cause salariale ont toutefois récemment gagné une manche : contre l'avis d'une partie du patronat, ils ont obtenu la création d'une commission de surveillance du «dumping social», phénomène que craint le pays depuis le 1er juin 2004 et l'entrée en vigueur de ses accords de libre circulation avec l'Union européenne.

Auteur

  • Christian Robischon