«Aujourd'hui encore, DCN doit faire ses preuves en tant qu'entreprise. Mais son changement commence vraiment à porter ses fruits », affirme Nicole Lacube, directrice de la communication interne et externe. Il y a près de deux ans, l'ex-Direction des constructions navales faisait sa révolution et entamait sa transformation d'entité du ministère de la Défense en société de plein exercice. L'objectif : faire de DCN un établissement performant, capable d'affronter un environnement difficile, en restructuration et soumis à la concurrence des Etats-Unis. Chargée de la conception, jusqu'au démantèlement, en passant par la maintenance de navires de guerre, de systèmes d'armes ou de sous-marins nucléaires, l'entreprise compte actuellement près de 13 000 collaborateurs.

En 2001, l'annonce de la modification du statut par le ministère de tutelle a suscité l'inquiétude du personnel, civils, militaires et fonctionnaires. « Pour insuffler une dynamique positive et redonner confiance, il faut commencer par l'écoute, observe Nicole Lacube. Avant d'élaborer un plan de communication, un diagnostic interne s'avérait indispensable. Il s'agissait d'analyser les freins éventuels à l'adhésion au projet, de rechercher les leviers utilisables et d'identifier les actions à mettre en oeuvre en matière de communication interne. »

Fin 2001, une enquête qualitative, conduite auprès d'un panel représentatif de toutes les catégories de personnel, a mesuré et étudié la compréhension et la perception du changement de statut. Résultat : des cadres peu impliqués dans le projet et des salariés craignant la « fin du monde ouvrier ». L'absence de compréhension de la stratégie, le manque de visibilité sur ce que chacun allait devenir entraînaient scepticisme, fatalisme et passivité. Dans ces conditions, l'entreprise allait-elle être capable d'affronter le choc concurrentiel ?

Face à ces sérieux obstacles, de puissants moyens d'action ont été identifiés : une volonté collective de défendre et de promouvoir l'image de l'entreprise - victime d'attaques du fait de la défaillance de l'hélice du porte-avions nucléaire Charles-de-Gaulle - et une détermination à trouver des solutions aux dysfonctionnements qui entravaient le travail au quotidien.

La stratégie de communication qui a résulté de l'étude a ainsi été orientée au plus près des préoccupations du terrain. Le plan de communication 2003 a été élaboré en coopération étroite avec les directeurs de business unit et les opérationnels. Parmi les projets mis en oeuvre, un intranet fédéré, regroupant les différents intranets des sites et business units, un kit d'aide à la communication pour le management, un nouveau magazine interne mettant davantage en valeur les collaborateurs, des journaux locaux de sites mis en cohérence, une lettre aux managers ou encore un livre de photographies sur les métiers, les hommes et les femmes de DCN... La réussite de l'action repose sur l'équipe et le réseau. Une équipe bien identifiée au niveau central a été créée. Elle travaille en coordination avec le réseau de responsables locaux de communication, qu'elle rencontre au cours de réunions mensuelles et lors d'un séminaire annuel de la filière.

« La communication interne est indissociable de l'externe », souligne Nicole Lacube. Aux commandes des deux directions, elle a travaillé à construire une nouvelle image de l'entreprise, soulignant ses atouts, ses compétences et ses réussites. « Les journaux n'évoquent plus les échecs de DCN mais ses résultats économiques et son positionnement stratégique. »

En interne, la directrice de la communication capitalise fortement sur cette tendance. Les collaborateurs sont informés, en avant-première, de ces retombées positives. Certains d'entre eux, plus impliqués dans l'organisation de salons commerciaux destinés à la clientèle, contribuent directement à l'amélioration de l'image de l'entreprise. « La communication interne est une fonction et une responsabilité partagées : on gagne à impliquer le plus d'acteurs possible dans le projet. »

En 2005, Nicole Lacube va positionner DCN comme une entreprise sur la voie de la performance et de la compétitivité. Mais la réussite ne se mesurera que dans la durée, reconnaît-elle : « Un changement de statut tel que nous le connaissons implique une profonde évolution de la culture de l'entreprise. La transformation ne sera pleinement effective que dans quelques années. »

> Effectifs : 12 700 salariés.

> Chiffre d'affaires : 1,659 milliard d'euros en 2003.