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L'actualité

Piètre application de la loi Génisson

L'actualité | publié le : 07.12.2004 | Sandrine Franchet

Un sondage commandé par la délégation du Sénat aux droits des femmes souligne la persistance des inégalités salariales entre hommes et femmes et déplore la médiocre application de la loi Génisson.

Trois ans après son adoption, la loi du 9 mai 2001 sur l'égalité professionnelle reste très mal appliquée. En effet, alors qu'elle prévoit une négociation annuelle sur ce thème, 72 % des entreprises interrogées par l'Ifop, à la demande de la Délégation aux droits des femmes du Sénat, n'ont jamais organisé de négociation spécifique.

Négociation spécifique

Conduite du 27 septembre au 18 octobre derniers, auprès d'un échantillon de 2 000 responsables RH d'entreprises de 50 salariés et plus, l'enquête montre que seules 12 % des entreprises ont respecté l'obligation annuelle. Les plus grandes (+ de 1 000 salariés) se montrent les meilleures élèves (22 % ont négocié chaque année). Malgré tout, elles sont encore 57 % à n'avoir jamais organisé de négociation spécifique ! Par ailleurs, 52 % des entreprises n'ont pas introduit le thème de l'égalité professionnelle dans les négociations annuelles existantes. Point positif : l'égalité professionnelle fait plus recette au niveau de la branche ; 34 % des DRH affirment qu'une négociation spécifique s'est tenue à ce niveau, et 9 % qu'elle aura lieu prochainement. Toutefois, 31 % des DRH se montrent incapables de répondre à la question. De même, pour 51 % des répondants, le thème de l'égalité hommes/femmes a été inclus dans les négociations obligatoires de la branche.

Autre obligation instaurée par la loi Génisson : le rapport annuel de situation comparée. Dans 60 % des entreprises, il n'a jamais été écrit . Seules 25 % d'entre elles l'ont rédigé chaque année depuis l'entrée en vigueur de la loi. Par ailleurs, si, parmi celles qui ont respecté la loi, 87 % ont transmis le rapport au CE, seules 60 % l'ont communiqué à l'inspecteur du travail.

L'Ifop s'est également penché sur la place des femmes dans l'effectif des entreprises interrogées : il apparaît que 35 % des entreprises (la plus forte proportion de l'échantillon) compte moins de 20 % de femmes. Au total, 69 % des entreprises en emploient moins de 50 %. Ces chiffres sont toutefois très inégaux selon les secteurs d'activité : ainsi, dans le BTP, 94 % d'entreprises emploient moins de 20 % de femmes, quand 64 % de celles du secteur éducation/santé/social en comptent plus de 80 %.

Absentes des «hauts salaires»

Enfin, à la question : «Combien de femmes figurent parmi les dix rémunérations les plus élevées de votre entreprise ?», 71 % des DRH répondent entre zéro et deux. Alors que, note Gisèle Gautier, présidente de la délégation, « si la proportion de femmes parmi les dix salaires les plus élevés était conforme au taux d'activité des femmes, 3 ou 4 femmes devraient y figurer ». Pire : même au sein des entreprises qui emploient plus de 80 % de femmes, près de la moitié d'entre elles compte moins de 5 femmes parmi les dix premières rémunérations.

Auteur

  • Sandrine Franchet