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Les Pratiques

Arcelor confirme le dialogue social à trois

Les Pratiques | Expériences & Outils | publié le : 05.10.2004 |

Pour supprimer un millier d'emplois dans sa sidérurgie au cours des prochaines années, le Luxembourg a actionné sa conférence tripartite, où l'Etat s'invite aux négociations direction-syndicats. Obtenu sans heurts, l'accord amortit le choc social.

Pour Arcelor, le contexte était potentiellement explosif : 1 093 suppressions d'emploi au Luxembourg, soit le cinquième des effectifs de la sidérurgie du pays, annoncées en pleine campagne des législatives. Or, le groupe s'en est sorti avec une seule journée de grève - la première depuis vingt-deux ans - et un accord social en moins de trois mois, qui satisfait direction et syndicats et qui n'a pas interféré dans le débat politique. Conclusion unanime : le «modèle luxembourgeois» du dialogue social a fonctionné, une fois de plus.

Employeur, salariés, Etat

Sa particularité consiste à reposer sur trois pieds : les négociations associent l'employeur, les représentants des salariés, mais aussi l'Etat dans une «Conférence tripartite». Créée dans les années 1970 pour gérer la première crise de l'acier, cette dernière a longtemps fonctionné de manière ponctuelle, sur des questions interprofessionnelles (réforme des retraites, relance de l'emploi) ou sectorielles (temps de travail dans les banques). Aujourd'hui, elle se réunit quasiment en permanence, selon une composition variable en fonction du sujet. Dans le cas de la sidérurgie, la «tripartite» a réuni, du 8 avril au 24 juin, les ministères du Travail et de l'Economie, la direction luxembourgeoise d'Arcelor et les délégués des deux principaux syndicats, LCGB et OGBL. Tous les dix à quinze jours, des sessions présidées par le Premier ministre Jean-Claude Juncker ont redonné de l'impulsion aux discussions, en formations restreintes à deux (direction-syndicats) ou à trois.

Facilitateur d'accord

L'Etat y joue les amortisseurs de choc social. « Ni intermédiaire, ni partenaire au rabais, il est le dirigeant des débats, l'identificateur de solutions, le facilitateur d'accord et le garant de la politique sociale », juge Alain Kinn, responsable sidérurgie de l'OGBL, qui attribue à la conférence une révision à la baisse des suppressions de poste : « La première version d'Arcelor portait sur 1 500 personnes », affirme-t-il. Moins catégorique, le sidérurgiste retient « l'attachement des trois partenaires au modèle » et leur « responsabilité ».

Car, au final, Arcelor a obtenu l'accord qu'il cherchait, incluant la fermeture d'un laminoir, que les syndicats avaient d'abord contestée. Eux se félicitent des mesures sociales : pas de licenciements, une « politique de CDI » avec des « garanties » de non-recours à la sous-traitance et aux contrats précaires, le renforcement de la convention collective sur les conditions de travail, et la réactivation d'une cellule de reclassement avec maintien du salaire à 100 %. L'Etat a dit oui à l'extension des préretraites à partir de 57 ans, soit huit ans avant l'âge légal de fin d'activité. Ce qui pourrait lui coûter jusqu'à 47 millions d'euros d'ici à 2011.