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Comme nt prendre des mesures

SANS | publié le : 01.06.2004 |

Les mesures du stress sont multiples. Elles s'attachent aux symptômes physiologiques ou psychologiques que présentent les individus, ou elles évaluent les "stresseurs" présents dans l'environnement de travail.

Aujourd'hui, le stress se mesure. Le monde du travail dispose, en effet, d'un ensemble d'outils objectifs largement utilisés, reconnus et incontestés. Selon l'approche, ils permettent d'iden- tifier les conditions de travail nocives pour la santé et de confirmer l'état de stress du salarié sur la base de l'examen des réponses biologiques de son organisme.

L'approche physiologique

Le stress est une réponse biologique d'adaptation de l'organisme. C'est Hans Selye qui, le premier, a décrit, en 1946, ce processus qu'il a baptisé syndrome général d'adaptation et qu'il a découpé en trois phases avec, pour chacune d'elles, une modification biologique. La phase d'alarme produit la libération d'hormones, responsable de l'augmentation du rythme cardiaque, de la tension artérielle et de la température corporelle ; la phase de résistance provoque la sécrétion de nouvelles hormones et, avec elles, une augmentation du taux de sucre dans le sang, et, enfin, la phase d'épuisement, avec la submersion d'hormones potentiellement nuisibles pour la santé.

« Depuis, les chercheurs ont affiné ces travaux, en particulier en précisant les mécanismes d'action des différentes hormones impliquées dans le stress et en proposant des méthodes de mesure de ces hormones pour atteindre, aujourd'hui, un niveau de connaissance très abouti des réactions et des manifestations du stress sur l'organisme », explique Dominique Chouanière, médecin épidémiologiste de l'Institut national de recherche et de sécurité (INRS). Il leur arrive, ainsi, de mesurer, dans l'entreprise, les réactions hormonales - en particulier les cortisoles - à l'aide de salivettes, des morceaux de coton à mâcher. Autres possibilités : les prises de sang ou les contrôles urinaires, plus lourds à mettre en place.

L'approche psychosociale

Cette approche consiste à mettre en corrélation différentes composantes de l'activité professionnelle. Deux modèles, publiés dans les années 1980, ont posé les bases pour une qualification des relations du travail en termes de stress. Le premier, celui de Karasek, lie l'exigence et les contraintes relatives à l'exécution de la tâche au contrôle exercé sur celle-ci.

Le secteur où les deux facteurs sont particulièrement prégnants sont, par exemple, les centres d'appels. « Il y est exigé une quantité de travail importante, effectuée sous surveillance permanente », évoque Dominique Chouanière).

Le second modèle, celui de Siegrist, met en balance, pour sa part, les efforts produits par le salarié et la reconnaissance obtenue en retour. « Se présentant sous la forme d'un questionnaire, réunissant entre 20 et 40 items, ces modèles permettent d'obtenir des indicateurs qui ont prouvé leur intérêt, puisqu'ils ont pu être mis en relation avec certaines pathologies développées par les salariés, comme les dépressions et les états anxieux, mais aussi les maladies cardio-vasculaires et les TMS », explique Dominique Chouanière.

La formule a fait des émules. On compte, ainsi, aujourd'hui, d'autres questionnaires comme, par exemple, celui d'origine québécoise dit "de mesure du stress psychologique" (MSP), utilisé chez Hydro-Québec et dans différents institutions et centres de santé québécois ; le test SP24 d'évaluation des stresseurs professionnels développé par le cabinet Stimulus et adopté par Business Objects, ou encore le test Hospital Anxiety and Depression (HAD) d'évaluation de l'état anxio-dépressif.

« Ces approches sont autant de grilles de lecture qui nous servent, désormais, dans l'observation des conditions de travail », explique Michel Berthet, responsable du département santé au travail de l'Anact. La Dares, le service statistique du ministère du Travail, s'en est également inspirée. Elle a introduit, à partir de 1991, dans ses enquêtes sur les conditions de travail, différentes questions en droite ligne avec les problématiques développées dans ces modèles. Elles interrogent sur l'obligation de se dépêcher, sur le soutien des collègues, sur les interruptions dans les tâches, sur les moyens disponibles pour effectuer un travail...

Le stress vu par les chercheurs

L'étude du stress au travail ne date pas d'hier. Déjà, au XIXe siècle, un certain Frederick Winslow Taylor s'interrogeait sur les signes d'énervement des trieuses de billes de bicyclette. Plus tard, ces agitations attiraient toujours l'attention des chercheurs, même si certains préféraient les considérer comme des réactions typiquement féminines. Pour preuve, elles se manifestaient par des crises de pleurs !

Le lien de causalité entre cet état et les conditions de travail est toutefois établi, lorsqu'en 1950, deux psychiatres, Louis Le Guillant et Jean Begoin, convaincus qu'il faut observer les salariés sur leur lieu de travail pour comprendre les maux dont ils souffrent, admettent que la fatigue nerveuse trouve sa source dans l'environnement de travail. En interrogeant les opératrices téléphoniques, ils concluent même que le repos ne saurait suffire à enrayer cette fatigue.