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Les services pourraient résorber le chômage

SANS | publié le : 25.05.2004 |

Un rapport du Conseil d'analyse économique pointe le faible développement de l'emploi dans le secteur tertiaire et avance des mesures pour contrer cette réalité.

Le secteur des services est en déficit d'emploi. Ce constat est celui de Pierre Cahuc, professeur à l'université Paris-1 et coauteur, avec Michèle Debonneuil, ex-chef du service économique, financier et international au Commissariat général du Plan, du dernier rapport du Conseil d'analyse économique (CAE), intitulé Productivité et emploi dans le tertiaire, rendu public le 11 mai dernier. « La France souffre d'une faiblesse de son taux d'emploi, qui ne résulte pas seulement des mauvaises performances de son industrie », annonce-t-il. Selon lui, l'explication se trouve aussi dans l'insuffisance du développement de l'emploi du tertiaire et, en particulier, dans les secteurs du commerce, de l'hôtellerie et de la restauration.

Coût du travail

La démonstration est éloquente : si la France présentait le même taux d'emploi que les Etats-Unis dans l'ensemble de ces trois secteurs, elle compterait 3,4 millions de postes supplémentaires ; la même comparaison avec les Pays-Bas aboutit à 1,8 million de postes en plus et à 1,2 million dans le cas de l'Allemagne et du Danemark. Plus généralement, le rapport souligne que si les ménages consommaient trois heures de services par semaine, équivalant à une dépense de 20 ou 30 euros, cela suffirait à créer 2 millions de postes.

A qui la faute ? Tout d'abord, au fonctionnement même du marché du travail, qui défavorise, selon l'auteur, l'émergence de certaines activités de service. Il évoque, à ce propos, le coût élevé du travail peu qualifié, qui pourrait être diminué par une baisse des charges étroitement ciblée sur les bas salaires. « C'est une condition nécessaire pour améliorer l'emploi des populations dont l'insertion sur le marché du travail est la plus difficile, comme les jeunes, les femmes, les immigrés et les personnes peu qualifiées », souligne-t-il.

Adapter la législation

Autres solutions avancées : adapter la législation de la protection de l'emploi dans ces secteurs où le turn-over est cinq fois plus important qu'ailleurs. Les préconisations du rapport Blanchard et Tirole, publié l'année dernière au CAE, concernant les simplifications de procédures de licenciement collectif et la suppression du contrôle par les juges des motifs économiques des licenciements, sont des pistes, pour Pierre Cahuc, à envisager sérieusement. Une incitation financière à travailler à temps partiel pourrait également contribuer à lever les barrières au développement de ces types d'emploi. Comment ? « En modifiant la prime pour l'emploi, qui présente l'intérêt d'accroître le revenu d'activité entre 0,3 et 1,4 Smic à plein temps. »

Enfin, l'auteur préconise la prise en charge de la formation professionnelle par la collectivité, à condition qu'elle consiste en la mise en oeuvre de programmes intensifs, ciblés, en partenariat avec les entreprises.