logo Info-Social RH
Se connecter
Newsletter

SANS

Le secteur se rachète une bonne conduite

SANS | publié le : 07.10.2003 |

Si, aujourd'hui, la pénurie semble se tasser dans le transport, le spectre du papy-boom n'est pas loin. La profession espère que les efforts entrepris vont finir par payer.

L'image du transport n'est pas bien belle. » Michel Caillaud, de la Fédération nationale des chauffeurs routiers, n'est pas le seul à faire preuve d'une telle sévérité. Tous en conviennent : le transport est un secteur où les métiers sont difficiles, les horaires astreignants et les salaires peu attrayants. « Un jeune, embauché comme "grand" routier, touche un salaire brut de 1 616,57 euros pour 208 heures de travail mensuelles. Quinze ans plus tard, il gagnera, avec son ancienneté, 130 euros de plus, précise Maxime Dumont, secrétaire fédéral CFDT et président de la commission nationale paritaire de l'emploi dans le transport. Ce déficit d'image n'a pas été sans conséquences sur les vocations. »

« L'effectif du secteur (1) a progressé de 35,8 % en dix ans », confirme Philippe Choutet, délégué général de l'Union des fédérations de transport (UFT). Mais, il y a encore quelques mois, la pénurie de candidats était telle que de nombreux camions restaient parqués, par manque de conducteurs. Aujourd'hui, cela va mieux. Mais personne n'est dupe, le papy-boom approche.

Baisse de la durée du travail

Pourtant, des efforts ont été entrepris pour redorer le blason du transport. Tout d'abord, la durée du travail a eu tendance à baisser, de l'ordre de dix heures par semaine. S'ajoutent certains acquis sociaux obtenus à l'arraché après le fameux conflit des routiers de 1996, comme l'augmentation de 20 % des minima conventionnels, qui s'est étalée jusqu'en 2001, et le congé de fin d'activité, qui permet aux conducteurs un départ à la retraite à partir de 55 ans avec une garantie de ressources égale à 75 % de leur salaire brut.

Enfin, « le comportement des employeurs a changé, soutient Philippe Choutet. Le nombre de CDD a baissé. Ils représentent 27 % aujourd'hui contre 44,5 % en 1998. Idem pour les temps partiels, 9 % des contrats de travail en 1999, 7 % aujourd'hui. Quant aux formations, elles s'adressent à 32 % des effectifs, contre 13 % il y a dix ans ». Et puis, le secteur se professionnalise. Une personne qui voulait devenir conducteur le pouvait dès lors qu'elle avait en poche le permis de conduire ad hoc. « Aujourd'hui, et depuis le contrat de progrès initié en 1995, cela ne suffit plus, explique Bernard Prolongeau, président délégué général de l'organisme de formation AFT-Iftim. Une "formation continue obligatoire de sécurité" s'impose en début de carrière et, ensuite, tous les cinq ans. Cette exigence "made in France" a, d'ailleurs, servi de modèle à la rédaction d'un projet de directive européenne, sortie cet été, édictant de nouvelles règles en matière de formation des conducteurs routiers professionnels pour l'ensemble de l'Union européenne.

Informations

Et c'est sans compter les efforts entrepris en matière d'informations. « Notre problème majeur est de faire connaître le secteur, souligne Bernard Prolongeau. Alors, nous avons ouvert, dans toutes les régions de France, des antennes "Service emploi formation information" pour sensibiliser le plus grand nombre ; 22 000 personnes s'y sont rendues, l'année dernière. Par ailleurs, nous misons beaucoup sur le déploiement d'outils pédagogiques modernes (simulateurs de conduite, salles multimédias, e-learning, NDLR) pour attirer les jeunes. »

Cela suffira-t-il ? Pas sûr. Des départs massifs à la retraite sont attendus, 10 000 conducteurs ont déjà quitté la profession, depuis six ans, grâce au congé de fin d'activité, selon Michel Caillaud. Et ce n'est qu'un début. « Les plus de 55 ans représentent, par exemple, 11 % de l'effectif du transport de marchandises, souligne Maxime Dumont. On peut considérer que 38 500 conducteurs vont donc prendre leur retraite dans les cinq ans à venir. »

Améliorer encore les conditions de travail

Autre point inquiétant : les moins de 25 ans représentent moins de 10 % de l'effectif total du secteur. Pour la CFDT, il faut améliorer encore et toujours les conditions de travail et prendre de nouvelles dispositions en matière de rémunération, en instaurant, par exemple, un 13e mois et des primes d'intéressement.

Mais voilà, la profession a fort à faire pour maintenir sa compétitivité face à des concurrents étrangers qui bradent les salaires de leur personnel. La solution ? « Faire en sorte que les acquis sociaux, en France, soient exigibles des entreprises qui viennent prendre des marchés dans le pays, suggère Maxime Dumont, comme cela s'est fait dans le transport maritime. »

(1) Effectif total, en 2002 : 577 000 (+3,45 % par rapport à 2001).

Articles les plus lus