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Les comités d'entreprise recrutent des pros

SANS | publié le : 30.09.2003 |

Qui sont les DRH des comités d'entreprise ? Si, jusqu'ici, le militantisme était la voie royale pour accéder à cette fonction, les CE cherchent, aujourd'hui, à s'entourer de professionnels. Normal, leurs missions sont similaires à celles des DRH d'entreprises plus traditionnelles.

Ils se comptent sur les doigts d'une main et travaillent le plus souvent dans les entreprises publiques. Ils ? Ce sont les DRH des comités d'entreprise, une poignée d'hommes et de femmes, très discrets, occupant des postes extrêmement rares.

Présence dans les entreprises publiques

Car, si on compte près de 40 000 comités d'entreprise en France, peu d'entre eux ont, en fait, des postes de directeur de ressources humaines. Excepté dans les comités d'entreprises publiques qui restent totalement centralisés. C'est le cas, par exemple, des CE d'Air France, de la SNCF, de la RATP et d'EDF-GDF. Toutes ces entreprises possèdent des postes de DRH ou des postes équivalents. Dotés de budgets considérables - de 37 043 851 euros pour la RATP à 407 850 000 euros pour EDF-GDF, selon l'Expansion -, ces CE représentent, il est vrai, de véritables entreprises.

Une fonction à risques ?

Le comité d'entreprise d'EDF-GDF (Caisse centrale des activités sociales) compte 3 200 salariés auxquels s'ajoutent 2 000 saisonniers (en équivalent temps plein) durant les périodes d'été et les vacances scolaires (pour les centres de vacances). Celui de la RATP emploie 420 salariés (plus 1 500 saisonniers), tandis que celui de la SNCF comptabilise 260 permanents. Le comité central d'entreprise d'Air France fait, lui, travailler environ 270 permanents et 3 000 saisonniers sur une année.

Points communs de ces entités : elles recrutent toutes des professionnels pour les postes de DRH. Très peu viennent du sérail, la plu- part ayant fait leurs armes dans le privé (pour la SNCF et Air France) ou dans les collectivités locales (pour la RATP). Exemples ? Dominique Bouillon, ex-présidente et fondatrice de l'association des DRH de l'Ile-de-France, a pris les commandes du service RH du CE de la RATP, voilà deux ans, après un parcours continu dans la fonction publique territoriale. Annie Carrette était DRH de Flandre Air (qui a fusionné avec Regional Airlines et Proteus pour devenir, en 2001, la Compagnie aérienne européenne, une compagnie régionale, filiale d'Air France). C'est dans le cadre d'un reclassement qu'elle est devenue DRH du CCE de la compagnie nationale. Denis Deswarte, tout juste nommé au CE de la SNCF, vient, lui, d'une entreprise de la métallurgie. Trois DRH se sont succédé à ce poste en deux ans. Fonction à risque ?

Changement de mentalité

« Jusqu'ici, on naviguait en eaux troubles, commente cet observateur social. Les recrutements manquaient totalement de transparence. Il s'agissait, le plus souvent, d'une affaire de réseau et de connivence politique. A chaque élection professionnelle, le poste de DRH était remis en cause. Par conséquent, la durée de vie d'un DRH au sein d'un CE était très courte. » Mais les temps changent : avec la complexité de la législation française et les attentes du personnel, moins militant et plus soucieux de sa gestion de carrière, les besoins en professionnels se font sentir. « Depuis deux à trois ans, on assiste à un changement de mentalité, relève François Derradi, responsable communication du site Internet comitedentreprise.com. Les CE ont compris que l'on ne peut pas s'improviser responsable du personnel. »

Missions sensiblement identiques

Au quotidien, leurs missions ne diffèrent pas, d'ailleurs, de celles des DRH plus traditionnels. Les grands chantiers du CE de la RATP concerneront, cette année, la renégociation de la convention collective, la mise en place d'un treizième mois et la création d'une mutuelle pour l'ensemble des permanents, contractuels de droit privé. La priorité du CE d'EDF-GDF sera, elle, donnée à l'amélioration du statut des saisonniers et à la validation des acquis de l'expérience. D'ores et déjà, quatre salariés de la CCAS ont obtenu, l'an dernier, le titre d'agent de restauration du ministère de l'Emploi par le biais de la VAE. Cette année, 40 salariés se sont portés candidats.

Projets porteurs à EDF-GDF

Une réflexion est en cours pour étendre ce dispositif à d'autres filières professionnelles (entretien, secrétariat). Ce dossier a été réalisé en partenariat entre le CCFP (organisme paritaire collecteur agréé de l'économie sociale), ses adhérents (CCAS, RATP, Air France, Aéroports de Paris...), le ministère de l'Emploi (DGEFP) et l'Afpa. « Ce sont des projets porteurs et nous sommes assez fiers de les avoir menés, souligne Francine Mercier-Tapia, responsable du département prospective emploi-formation au CE d'EDF-GDF.

Le CE de la SNCF tentera, de son côté, de mettre l'accent sur le recrutement. « Le choix du CE, c'est de développer l'emploi, indique Denis Deswarte, nous avons le projet d'embaucher une trentaine de personnes dans le courant de l'année prochaine. »

La mission RH du CCE d'Air France sera de transformer l'ancienne administration du personnel, axée sur la gestion de la paie, en une vraie direction des ressources humaines.

Afin de mener à bien ces missions, les DRH peuvent compter sur leurs troupes : une dizaine de personnes en général. Petite particularité : au CE d'EDF-GDF, la DRH est divisée en deux entités bien distinctes ; l'une se consacre uniquement à la gestion administrative, l'autre à la prospective RH : la formation, la mobilité de carrière, l'emploi et les métiers. Ce dernier département a même monté un réseau de correspondants régionaux, voilà deux ans. Le service compte, désormais, une cinquantaine de salariés.

Gestion d'une structure atypique

Si le métier reste le même, quelques nuances sont, toutefois, à noter : « La grande particularité d'un comité d'entreprise est d'être géré par les élus appartenant tous à des organisations syndicales, indique Annie Carrette. C'est une structure atypique, sans notion de bénéfice, ni de profits. Le but étant de gérer, au mieux, la subvention qui lui est allouée. »

« Il faut savoir gérer des populations très différentes, relève Francine Mercier-Tapia. Les salariés permanents ont des parcours professionnels divers, intégrant, pour certains, des engagements syndicaux au sein des entreprises EDF et GDF. A nous de faire cohabiter ces salariés d'horizons divers, de faire évoluer leurs compétences au sein de nos organismes sociaux. » Un parfait exercice d'équilibriste !

L'essentiel

1 Les entreprises publiques sont dotées de CE fonctionnant comme de véritables entreprises, avec des postes de DRH.

2 Ces entités s'entourent, aujourd'hui, de plus en plus de professionnels. Les DRH viennent rarement du sérail, une expérience dans une collectivité locale ou une entreprise privée est souvent un plus.

3 Les missions sont sensiblement les mêmes que celles d'un DRH d'une entreprise plus traditionnelle. Mais les valeurs et la culture d'entreprise sont très fortes.