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La stratégie paternaliste de l'allemand Trigema

SANS | publié le : 26.08.2003 |

Chez Trigema, entreprise familiale allemande, spécialisée dans le textile de sport, on prône un paternalisme modernisé, mais aussi une communication claire et une confiance partagée avec les représentants du personnel.

Wolfgang Grupp est, à lui seul, une curiosité. Patron de Trigema, une grosse PME du textile du sud-ouest de l'Allemagne, il refuse - exception notoire dans le textile germanique - de délocaliser la production de son entreprise vers l'Europe de l'Est ou l'Asie du Sud-Est et se livre, avec un succès d'entreprise incontesté, à un management qui semble inspiré des méthodes des siècles passés.

Garantir l'emploi

« En trente-trois ans de carrière, je n'ai jamais licencié le moindre salarié pour motif économique, ni recouru au chômage partiel, se vante le petit-fils du fondateur, aux commandes depuis 1969. Ma tâche, assure-t-il, est de prendre les décisions qui garantissent leur poste à mes salariés, même en période difficile. » Le patron, qui n'a que peu d'estime pour « ces managers à la France Télécom, Kirch ou EM-TV, qui jouent au per à coups de milliards et laissent l'Etat et les salariés payer si la partie se termine mal », engage sa fortune personnelle en cas de coup dur.

Le patron partage, avec les 32 membres de l'administration, un vaste plateau sans portes ni cloisons et invite l'ensemble de ses 1 200 salariés à chacun des événements importants de la "famille-entreprise", qu'il s'agisse du jubilé des 80 ans de Trigema ou du mariage du "chef"... Wolfgang Grupp se vante de connaître personnellement chacun de ses salariés, et garantit l'embauche des enfants du personnel une fois leur formation achevée. « Je préfère avoir chez moi les enfants de personnes que je connais plutôt que ceux d'inconnus, explique le patron. Et puis, les parents s'arrangent pour que leur progéniture ne leur fasse pas honte ! »

Qualité attendue

En contrepartie, Wolfgang Grupp attend de ses salariés une fidélité à toute épreuve, et un travail de qualité : « On ne paie pas trop un salarié, se défend-il au sujet de son obstination à produire en Allemagne, si la prestation fournie en échange est à la hauteur du salaire payé. C'est à moi d'adapter mes produits au niveau de la qualification et du salaire de mes couturières. Et de les motiver. » En assurant l'embauche de leurs enfants, par exemple.

Loué par les syndicats

La stratégie est payante. En trente-trois ans, Wolfgang Grupp a vu le chiffre d'affaires de Trigema passer de 17 à 80 millions d'euros, a réduit à zéro l'endettement de son entreprise, et assure n'avoir jamais accusé de déficit. Loué par les syndicats, le patron aux méthodes de monarque tranche lui-même les conflits internes et expédie en une heure de temps des réunions avec les délégués du personnel aux allures de plébiscites.