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Trois propriétai res en trois ans

SANS | publié le : 08.07.2003 |

Le site de production finistérien de microélectronique, appartenant à Novatech, a fait le choix de la diversification et de la qualité pour lutter contre l'effondrement du marché des télécommunications et la concurrence des pays à bas salaires. Mais le coût social reste élevé.

L' usine de Pont-de-Buis (29) aurait-elle trouvé la formule pour sortir de la spirale d'instabilité dans laquelle elle est plongée depuis trois ans ? Alors que d'autres sites de production, d'externalisations en délocalisations, ferment, lui résiste, au prix de changements de propriétaire et de modèle économique. Propriété de Matra-Nortel jusqu'à l'été 2000, l'usine produit des combinés téléphoniques, avant d'être vendue au sous-traitant mondial de microélectronique Solectron, et de fabriquer des cartes électroniques, essentiellement pour son ancien propriétaire. Début 2003, elle est de nouveau vendue, illustrant l'idée alors avancée d'"usine jetable". Pourtant, avec Novatech Industrie, une PME, située à Lannion (Côtes-d'Armor), spécialisée dans les produits électroniques à haute valeur ajoutée, l'horizon des salariés restants s'éclaire.

Fournisseurs

« Aujourd'hui, nous ne sommes plus des sous-traitants mais des fournisseurs. Nous travaillons le cahier des charges avec le client, nous achetons les composants et nous fournissons », déclare Jean-Yves Bonnet, le Pdg de l'usine, arrivé en avril 2002, à l'époque Solectron.

Pour parvenir à ce résultat, le modèle industriel doit évoluer. L'offre s'élargit vers l'amont de la production (prototypes) et vers l'aval (produits finis). L'usine gagne également en réactivité ; surtout, elle diversifie ses débouchés. « Sous Solectron, le portefeuille de clients n'a pas été diversifié », relève Jean-Yves Bonnet. D'où une dépendance au marché des télécommunications, fatale lorsque celui-ci s'écroule. Aujourd'hui, l'usine réussit à séduire des entreprises du secteur de la défense et de l'électroménager.

Il faut également investir dans les hommes. L'année dernière, Jean-Yves Bonnet a lancé un plan de formation (3 % à 4 % de la masse salariale) et embauché quatre personnes, dont un commercial, pour diversifier le portefeuille de clients. Il a fallu aussi remotiver, après le plan social d'avril 2002, à la suite duquel 200 salariés ont quitté l'entreprise.

Période difficile

« La période d'avril 2002 à janvier 2003, date du rachat, a été particulièrement difficile, témoigne le Pdg. Deux populations cohabitaient dans le même lieu, l'une qui partait et l'autre qui restait. » A l'attention des 300 salariés qui restent, Jean-Yves Bonnet lance un programme de qualité totale et de certification ISO. « Cette démarche ne permet pas de gagner des marchés, mais elle crée une ambiance, ce qui est très im- portant lorsqu'un client vient », explique-t-il.

Dialogue social

Pour la méthode, il s'appuie sur un dialogue social que recherche également l'unique syndicat de l'usine. Pour Laurent Davaut, délégué CFDT, il faut « être responsable dans ses revendications, en attendant que le site soit moins fragile ». Une position facilitée par le fait que, selon lui, Solectron avait accepté de mettre les moyens dans le plan social et que tous les départs pouvaient se faire sur la base du volontariat.

Enfin, la nouvelle direction de l'usine fait un geste en direction des salariés. Le changement de propriétaire, de Solectron à Novatech, a entraîné un changement de convention collective, désavantageux pour les salariés. L'usine passe ainsi de la convention collective de la métallurgie de la Gironde, où est situé le siège de Solectron, à celle du Finistère, où se trouve le site de production. « L'évolution du panier pour les équipes de nuit se traduit par une perte d'environ 5 euros par nuit », calcule Laurent Davaut. Mais cette perte est compensée par des hausses de salaires équivalentes. « Nous avons estimé que les salariés avaient déjà suffisamment donné », explique Jean-Yves Bonnet.

Portion congrue

Trois ans après sa sortie du périmètre de Matra-Nortel, l'usine est donc toujours là. Mais à quel prix ? Sur la période, elle a perdu deux salariés sur cinq. Et les avantages sociaux, acquis chez l'équipementier, sont réduits à la portion congrue par Solectron. Les primes de nuit sont ainsi divisées par deux, le 13e mois est supprimé et le calcul de l'ancienneté est modifié au désavantage des salariés. « Entre Matra-Nortel et maintenant, le coût de la main-d'oeuvre a nettement baissé », constate Laurent Davaut.

NOVATECH

Effectifs :450 salariés.

> Nombre de sites : 3.

> Chiffre d'affaires : 15 millions d'euros en 2002. 65 millions d'euros prévisionnels pour 2003, après achat du site de Pont-de-Buis.