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« L'Hexagone attire la R & D »

SANS | publié le : 08.07.2003 |

E & C : Le débat sur la désindustrialisation en France revient régulièrement. Notre pays risque-t-il de perdre ses emplois industriels ?

E. M. M. : Chaque année, on a le sentiment d'un mouvement de panique sur le sujet. Les stratégies sont pourtant différentes au sein même de chaque secteur. Dans une industrie traditionnelle comme le textile, certains ont choisi un modèle taylorien flexible, c'est-à-dire cherchant à la fois des coûts du travail faibles et les infrastructures locales suffisantes pour être réactifs sur leur marché : réseau informatique, télécoms, logistique. D'autres ont fait le choix des niches de marché et de l'innovation, et externalisent peu. Dans les hautes technologies, les stratégies sont encore plus diversifiées.

E & C : Le rôle et la localisation de la R & D sont donc déterminants ?

E. M. M. : Dans ce domaine, on note une évolution. Si, dans les années 90, on délocalisait peu la R & D, il en va tout autrement aujourd'hui. Mais il faut se méfier des apparences : certes, la Chine et l'Inde, qui cumulent hautes qualifications et bas salaires, sont attractives, mais l'essentiel de ces délocalisations de la R & D s'est fait entre pays développés, à la faveur des fusions et acquisitions. Il n'y a pas réellement de transfert d'actifs, mais plutôt croissance de la recherche réalisée aussi à l'étranger.

Les grands groupes recherchent les avantages technologiques des pays dans lesquels ils s'implantent, l'excellence particulière d'une région, pour compléter des blocs de compétences qu'ils possèdent déjà.

E & C : Sur cet échiquier de la R & D, quelle est la position de la France ?

E. M. M. : Elle bénéficie autant, voire plus qu'ailleurs, de ces délocalisations dans les hautes technologies, notamment l'Ile-de-France. L'accès à l'excellence technologique, cela se paie : les régions à faibles charges et fiscalité ne sont pas les plus attractives. Une fiscalité forte permet de proposer de bonnes infrastructures routières, informatiques et de communication. La France attire les unités de développement plus que les sièges sociaux ou les unités administratives, qui se dirigent vers les pays à faible coût du travail, ou pratiquant des allègements de charges, comme l'Ecosse ou l'Irlande. Mais dans ce cas, les implantations ne durent pas longtemps.