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SANS

L'écho du contexte

SANS | publié le : 08.07.2003 |

Promenade estivale dans les gorges du Verdon. Ce petit groupe de marcheurs rassemble traditionnellement des adul- tes de tous horizons et de tous métiers, réunis de manière informelle au sein de "La compagnie des palabres ambulants".

On m'a convié. J'en suis ravi. C'est une occasion (trop rare) d'échanges sur toutes sortes de sujets avec les gens les plus variés. Et la marche est propice au débat, qui permet de changer d'interlocuteur si la conversation s'enlise ou devient tendue.

Il suffit de ralentir pour se retrouver dans un autre groupe, une autre conversation, un autre débat. Pas le temps de s'ennuyer. Pas d'obligation de subir les donneurs de leçons, les besogneux, les peine-à-rire. Chacun est libre du sujet qui retient ses pas et l'amalgame à un sous-groupe. De toute façon, on se retrouvera le soir. Excellente formule.

La colonne chemine lentement sur les crêtes. Parce qu'on m'a présenté comme consultant (grave erreur. Mais il y a toujours un mal-intentionné quelque part pour vous gâcher le meilleur week-end...), la conversation du moment porte sur le comportement des dirigeants lors des situations de crise. Quelle attitude adopter ? Comment mobiliser sans inquiéter ? Comment donner confiance dans un moment d'échec ou de difficultés ? Le management "au décibel" a-t-il encore des terrains d'efficacité possibles ? Sommes-nous capables d'affronter les aléas de la réalité sans les amplifier par nos peurs personnelles, par notre humeur, par nos propres incapacités ?

On attend mes observations. On peut attendre. Je préfère marcher tranquillement, profiter du paysage, de la lumière et des bruits des gorges qu'on a l'impression de survoler, tant les pentes sont à pic. Et quoi dire ? Que nous faisons tous ce que nous pouvons, capitaines de petit temps soumis à des tempêtes qui les dépassent, médecins romantiques requis pour pratiquer une chirurgie de guerre, entrepreneurs transformés contre leur gré en négociateurs avec (ou contre...) les syndicats, etc. Tous excusés d'avance d'un débordement d'humeur ?

Qu'avons-nous choisi dans tout ce qui nous arrive ? Sommes-nous capables de protéger les équipes dont nous avons la charge et de les mettre à l'abri de nos propres humeurs ? Faut-il espérer tout mettre sous contrôle, même l'essentiel de nos affects ?

Pas simple. J'en suis là de mes réflexions, quand un membre du groupe teste devant nous le phénomène d'écho au- dessus de la vallée étroite. Un écho de cinéma. Un retour à peine déformé. Juste deux secondes de délai, et une réplique devenue impersonnelle. Comme quelqu'un d'autre. On s'en amuse.

Et moi, j'ai peut-être trouvé la réponse à la question de tout à l'heure : essayons de ne jamais nous faire le simple écho du contexte. Ce qu'on attend des dirigeants, ce n'est sûrement pas d'amplifier les bruits d'un monde trop souvent hostile. Plutôt de les filtrer, non ?