logo Info-Social RH
Se connecter
Newsletter

SANS

Formation et stratégie : "le cas français"

SANS | publié le : 08.07.2003 |

Une enquête réalisée dans sept pays européens affirme que les managers français sont ceux qui perçoivent le moins le lien entre la stratégie générale de l'entreprise et la politique de formation.

Les premiers résultats d'une étude menée auprès de 1 400 cadres européens (1) sur leur point de vue concernant l'interaction entre stratégie RH et stratégie globale de l'entreprise ont de quoi laisser sans voix. Les managers français, en effet, seraient ceux qui voient le moins de connexions ! Comment cette étude en arrive-t-elle à une telle conclusion ? Par le biais de quatre questions portant sur la connaissance d'une stratégie claire dans l'entreprise, l'implication de la DRH dans la formulation de la stratégie, le lien entre GRH et stratégie, et le lien entre formation des managers et stratégie.

Perception française

« Les Français se distinguent des autres pays tests par une perception de déconnexion entre la stratégie générale de l'entreprise et la politique de formation, commente Alain Klarsfeld, enseignant chercheur à l'ESC Toulouse, et co-organisateur de l'enquête. Ils perçoivent moins bien la stratégie générale de l'entreprise, et la direction des ressources humaines est considérée comme moins impliquée qu'ailleurs dans les prises de décision. » S'agit-il d'un problème de mauvaise communication ou d'incohérence de stratégie ? L'étude ne pourra fournir des explications que plus tard, d'ici à la fin de l'année. Elle constate en outre d'autres particularités françaises, notamment en matière de formation professionnelle. La formation interne et la rotation de poste seraient plus développées en France que dans les six autres pays analysés. A l'inverse, la formation externe et le e-learning y seraient bien moins utilisés, loin derrière les premiers du classement que sont l'Espagne et l'Allemagne. En revanche, il n'y aurait pas de différence significative sur les pratiques de coaching et de formation qualifiante. « La formation peut avoir d'autres fonctions que des fonctions rationnelles de performance organisationnelle, précise Alain Klarsfeld. Certaines sont symboliques et politiques, et ne peuvent se juger sur leur efficacité pratique. La prédominance de la formation "sur le tas" est en cohérence avec un système français qui pratique l'élitisme à l'entrée. »

Autre élément : l'étude ne constate pas de différence importante entre la France et les autres pays sur la question du budget de formation moyen annuel par manager. Il est de 2 650 euros par manager français, et de 2 500 euros pour la moyenne de l'échantillon. En revanche, le nombre de jours de formation par an et par manager est de 7 en France, contre 12 en moyenne !

« Le rapport budget/jours induit un ratio financier plus élevé chez nous qu'ailleurs, explique Alain Klarsfeld. En France, pays où les entreprises ont une forte hiérarchisation, si les stages destinés aux managers coûtent cher, c'est peut-être parce qu'ils doivent répondre au statut particulier des cadres, qui n'a pas son équivalent en Europe, et donc à une certaine image marketing de la formation des managers. De plus, la France pratique peu le co-investissement. »

Tendances de fond

Au final, l'étude dessine des tendances de fond qui marqueraient la France par rapport aux autres pays analysés : une priorité moindre accordée à la formation des managers, des actions à moins long terme, moins de développement des potentiels, moins de planification des carrières, moins d'évaluation systématique des actions de formation.

Des points forts seraient, malgré tout, à mettre au crédit des entreprises françaises : des pratiques d'identification des hauts potentiels plus répandues (77 % contre 56 % en moyenne), des entretiens d'appréciation plus fréquents (85 % contre 65 %) et des discussions sur les besoins de formation en cours d'entretien plus fréquentes (94 % contre 84 %). Les suites de cette étude devraient expliquer « le cas français ».

(1) "Pratiques comparées de développement des compétences des managers", dans sept pays européens (Roumanie, Norvège, Espagne, Allemagne, Danemark, France et Royaume-Uni), dans le cadre du programme Leonardo da Vinci 1 et 2 (1995 - 2005). D'une durée de trois ans, l'étude s'achèvera cette année.

Articles les plus lus