Entre 1998 et 2000, dans un contexte devenu plus concurrentiel, Piper Heidsieck, filiale de Rémy Cointreau, entreprend deux chantiers RH. Le premier vise à améliorer la culture économique des salariés, afin « de leur faire découvrir les notions de compte de résultats, de bilan, d'investissement et de rentabilité, tout en leur donnant l'occasion de se rencontrer », expose Jean-François Boueil, DRH et directeur industriel. Facile pour un comptable, moins pour un vigneron ou pour un ouvrier caviste. « La formation s'adressant à tous nos salariés, il ne fallait pas que certains décrochent au bout d'une heure ; nous avons donc choisi la formule du jeu », explique Jean-François Boueil.

Pendant les trois jours que dure la formation, par groupes de douze, les 250 salariés s'essayent au "Jeu des comptes de l'entreprise", réalisé par Ceneco, à partir d'un cahier des charges de Piper Heidsieck. Un tableau et des cartes permettent de visualiser les flux entrant et sortant de l'entreprise, ainsi que l'état de la société, autrement dit, le compte de résultats et le bilan. Le but étant que toutes les équipes parviennent à appréhender les rudiments de l'analyse financière. Il n'y a pas de compétition. Deux salariés de l'entreprise sont en charge de l'animation. Le coût de ce premier chantier s'élève à 30 500 euros.

Le second chantier RH visait à améliorer la culture produit des salariés. Un premier jeu, toujours créé par Ceneco, se compose d'un plateau et de cartes nommant et décrivant les étapes de l'élaboration du champagne. Chaque groupe de trois salariés doit faire correspondre une étape à un commentaire et placer le tout, sur le plateau, dans l'ordre chronologique. « Chaque participant identifie, ainsi, sa place dans le processus et partage son expérience avec les autres », explique Jean-François Boueil.

Un second jeu, baptisé "De la Champagne aux champagnes", fonctionnant toujours à partir de cartes et de plateaux, doit permettre aux salariés de connaître le contexte socio-économique champenois et de proposer une argumentation relative au produit. Le coût de ce second chantier s'élève à 23 000 euros. Il s'agrémente d'une dégustation, "pour ceux qui souhaitaient acquérir une compétence pointue sur le produit".

Que reste-t-il de ces formations ? « Leurs résultats ne se mesurent pas par rapport à des objectifs opérationnels mais par rapport à une rémanence. Nous avons constaté, six mois plus tard, que les salariés gardent à l'esprit qu'une entreprise est une chose difficile à faire fonctionner, que leur perception du marché, depuis la Champagne, ne correspond pas exactement au marché réel, et qu'enfin, ils conservent un respect les uns envers les autres », déclare Jean-François Boueil.

> Effectifs : 250 salariés.

> Chiffre d'affaires : 130 millions d'euros.