D epuis 1997, Air France utilise ce que Michel Teychené, directeur de la formation de la compagnie aérienne, nomme des « stimulations ludiques » afin d'accroître l'intérêt des participants à ses séminaires ; 17 000 salariés d'Air France ont, ainsi, bénéficié d'un environnement récréatif lors de formations à la relation client : les salles de cours ont été divisées, grâce à des couleurs différentes, en petits espaces conviviaux. Des posters, sur lesquels les participants peuvent écrire ou dessiner, décorent les salles.

Les couleurs et les odeurs font aussi l'objet d'une attention particulière, avec, notamment, la mise à disposition de feutres parfumés ou, au contraire, inodores... « C'est le principe de la madeleine de Proust. Nous tentons de stimuler la mémoire. On apprend jamais mieux que lorsqu'on se divertit », ajoute Michel Teychené. Le coût de ces formations s'élève à 800 euros par stagiaire.

Air France organise, par ailleurs, une journée de cohésion d'équipe, destinée à ses 250 formateurs, avec la collaboration des consultants du cabinet Chantal Barthélémy-Ruiz Communication et Pédagogies ludiques. La première édition a eu lieu en juillet 2002. Il s'agissait d'un jeu de l'oie, créé sur mesure, autour du thème du "super héros". « Les formateurs d'Air France étaient censés aider une société qui, engagée dans un conflit avec des extra-terrestres, ne pouvait pas assurer ses prestations habituelles en matière de formation », explique Chantal Barthélémy-Ruiz.

Ce parcours ludique symbolisait les étapes nécessaires à la construction d'un séminaire afin d'aider les participants à mieux connaître les impératifs des nombreux métiers d'Air France. Et, par la suite, à optimiser les formations réalisées. Sa préparation et son organisation reviennent à environ 4 000 euros.

Les différents jeux utilisés, qu'il s'agisse de théâtre (improvisation et jeu de rôles), de cartes (jeu des sept familles, par exemple) ou de concentration (le mot interdit ou le jeu des points liés, notamment), ne visaient pas à désigner un vainqueur. « Nous voulions valoriser la coopération des salariés », insiste Michel Teychené. Au fil des étapes, les groupes découvraient des éléments techniques, comme la construction d'un cahier des charges, la quantification des besoins, ou l'évaluation des formations via des jeux qu'ils élaboraient eux-mêmes.

Un exemple : ceux qui travaillaient sur l'élaboration du cahier des charges se sont inspirés du jeu des sept familles. Cinq familles ont été identifiées : le type de formation, le public cible, les ob- jectifs pédagogiques, les contraintes, ainsi que les conditions de réussite. Chacune d'entre elles se divisait, ensuite, en six cartes qui détaillaient le nombre de personnes concernées, le profil des bénéficiaires, les prérequis de la formation, le niveau de motivation (volontaire ou désigné), la typologie du groupe (homogène ou hétérogène) et la connaissance du sujet.

La direction s'est, par la suite, réunie pour tirer les leçons de cette première édition. Ce qui lui a permis d'élaborer un parcours ludique définitif, à destination des équipes de formateurs. Les jeux, utilisés l'année passée, ont été illustrés et complétés. Dans le cas du jeu des sept familles, outre l'adjonction de symboles sur les cartes, cinq scénarios, comme l'intégration des handicapés dans l'entreprise ou la motivation des salariés en fin de carrière, ont été construits pour servir de base pratique aux prochaines sessions. « Cela permet d'illustrer par l'expérience et l'opérationnel des thématiques abstraites. Ce que j'appelle un ludique d'application », avance Chantal Barthélémy-Ruiz.

Mais, en raison de la crise qui touche le secteur aérien, Air France a annulé ce séminaire. « Ce qui ne remet pas en cause l'initiative. Ce n'est que partie remise », conclut Michel Teychené.

Effectifs : 56 127 salariés.

> Chiffre d'affaires : 12,69 milliards d'euros.