«Les salariés jouent encore au baby foot, mais moins souvent qu'à la grande époque, où ils faisaient la queue pour faire une partie », témoigne une salariée. Chez Yahoo ! France, l'esprit start-up est surtout symbolique. La GRH de l'opérateur Internet tend à se normaliser. Plus question, pour les 70 salariés, de travailler sans compter leurs heures.

« Lors de la signature de notre accord sur les 35 heures, en mai 2000, personne ne pensait vraiment à son temps de travail, nous étions dans une autre dynamique. Les salariés se sont, depuis, appropriés la RTT », constate Blandine Kouyaté, la responsable des ressources humaines. L'accord doit être renégocié en juin, « pour prendre en compte les différents statuts des salariés et les dispositions de la loi Fillon sur les cadres autonomes ». Le travail le week-end a aussi fait l'objet de négociations serrées. « Avant, cela fonctionnait sur la base du volontariat », explique la RRH.

La politique de rémunération est également en voie de normalisation. Certes, les stock-options font encore partie du package proposé aux salariés, mais ces derniers vont bientôt accéder à la participation, indexée aux résultats de l'entreprise et non plus sur ceux de la Bourse. Une réserve de participation a pu être dégagée, et des négociations devraient bientôt s'engager. En revanche, il n'y a pas encore eu d'accord sur les salaires.

Dans les recrutements, les profils expérimentés ont remplacé les profils atypiques, même si Blandine Kouyaté, par exemple, est passée par l'humanitaire. Elle-même a été embauchée, il y a un an, pour stabiliser la fonction RH, dont les responsables ne sont jamais restés plus de quelques mois.

Certains salariés opposent encore une résistance à cette logique de gestionnaire. « Les deux ou trois premières années, c'était une entreprise sympathique. Depuis, les managers brillants et charismatiques ont été remplacés par des gestionnaires à l'américaine », note le délégué CFDT, salarié de Yahoo ! depuis cinq ans. Selon lui, les relations sociales se sont durcies. Il cite les "charrettes" de fin 2001, qui se sont déroulées en toute " opacité" ou le cas de ce salarié malade qui a été licencié.

« Certains salariés, très attachés à l'entreprise, ont tendance à se l'approprier. Mais nous ne sommes plus à l'âge d'or d'Internet. Un de nos problèmes est de gérer ces individualités tout en préservant la dynamique de l'esprit start-up », explique Blandine Kouyaté.

Activité : opérateur Internet.

> Effectifs : 70 salariés.

> Chiffre d'affaires 2002 : NC.