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Des DRH en première ligne

SANS | publié le : 22.04.2003 |

Contraintes d'indemniser leurs agents pendant toute la durée d'une maladie, rares sont les collectivités territoriales à avoir échappé à une réflexion sur les moyens de juguler l'absentéisme.

Dans la fonction publique territoriale (environ 1 600 000 agents), le phénomène de l'absentéisme est surveillé comme le lait sur le feu. Est-il, pour autant, plus prégnant qu'ailleurs ? Une étude réalisée en octobre 1997 par Gras Savoye montrait qu'un agent de mairie était, en moyenne, absent vingt-deux jours par an, et que l'absentéisme touchait 60 % des collaborateurs des collectivités locales.

Idées reçues

Des indicateurs difficiles à vérifier, qui font bondir Didier Meyer, ex-directeur général adjoint chargé des RH à la ville de Besançon, aujourd'hui salarié de l'office public d'HLM du Doubs. « Dire que l'absentéisme est plus important dans le public que dans le privé est une idée reçue. Je peux vous affirmer que les cadres de la fonction publique territoriale, pourtant tout aussi surmenés que ceux du privé, sont bien moins souvent malades. Une seule règle prévaut : l'absentéisme est proportionnel à la taille de la structure. Autrement dit, dans les grandes villes, les absences sont très pesantes. »

Et pour cause ! La réglementation impose aux collectivités locales - mais pas aux entreprises privées - d'indemniser leurs agents tout au long de la durée de la maladie. « Autant dire que cela impacte considérablement les budgets », explique Jean-Philippe Heppe, directeur du personnel de la ville de Lyon, et président de l'Association des DRH des grandes villes de France.

"Enquête de causes"

Si nombre de DRH se sont cassé les dents sur le sujet de l'absentéisme, peu d'entre elles ont toutefois échappé à la traditionnelle "enquête de causes". Ainsi, à la mairie du Havre (3 700 agents), qui affichait en décembre dernier un taux d'absentéisme médical de 9,4 % (dont 0,78 % au titre des accidents du travail et 5,62 % au titre des maladies professionnelles), un groupe de travail, emmené par un sociologue et réunissant des représentants syndicaux et des cadres, a été créé en 2000. Il s'est dissous un an plus tard, non sans avoir lancé quelques pistes de réflexion. « Stigmatiser l'absentéisme est le meilleur moyen de faire fausse route », observe Jean-Michel Piednoël, ancien DRH, actuellement rattaché au directeur général de la cité normande. « Aujourd'hui, poursuit-il, nous parlons moins d'absentéisme, mais nous agissons sur la prévention, l'identification des risques, la formation des managers, et l'adaptation des postes de travail. »

Si Nantes, Rennes ou Lyon sont réputés en la matière, la palme revient à Besançon (2 500 agents). En 1995, la commune francomtoise a mis en place un dispositif de lutte contre l'absentéisme très poussé. Il lui a valu d'être récompensée par un prix au concours Territoria, qui salue, chaque année, des pratiques locales innovantes.

Pas de chasse aux sorcières

« Au préalable, se souvient Didier Meyer, il nous a fallu emporter l'adhésion des élus et des syndicats. Au départ, ces derniers réfutaient l'existence des absences de confort. Nous leur avons présenté des tableaux de bord démontrant que les pics d'absentéisme se situaient avant et après les vacances scolaires. L'important n'est pas de faire une chasse aux sorcières, c'est de mettre tous les éléments du débat sur la table, sans aucune ambiguïté. » Subtil mélange de prévention, de formation et de contrôle, le tout sur fond d'indicateurs, le projet sur 49 propositions, validées par le comité technique paritaire. Et la plupart d'entre elles sont entrées en vigueur en 1996.

Règles d'or

« Ce long chantier nous a conduits à édicter quelques règles d'or : les opérations coup de poing sont vouées à l'échec ; la gestion de l'absentéisme ne peut se concevoir que dans le cadre d'une approche globale des RH ; il faut travailler au plus près des services opérationnels et éviter toute externalisation », détaille Didier Meyer. Les résultats ont été spectaculaires : en trois mois, les maladies ordinaires avaient diminué de 35 % et les accidents du travail de moitié. « Mais dès qu'on lâche du lest, les difficultés rejaillissent », ajoute le responsable. Si les maladies ordinaires ont reculé depuis, à raison de trois jours par agent et par an dans la commune bisontine, « une piqûre de rappel des bonnes pratiques managériales se révèle aujourd'hui indispensable », confirme Michel Gabriel, l'actuel DRH.