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Mobilisation pour les "Air Lib"

SANS | publié le : 25.02.2003 |

Les 3 200 salariés d'Air Lib, mise en liquidation le 17 février dernier, seront licenciés début mars. Tous les efforts se portent désormais sur leur reclassement. Comme lors du premier plan social, en 2001, les entreprises publiques sont appelées à la rescousse.

Atterrisage forcé pour Air Lib. Le feuilleton rocambolesque de la deuxième compagnie aérienne française, dont la licence d'exploitation était suspendue depuis plus d'une semaine, s'est achevé le 17 février dernier, avec sa mise en liquidation par le tribunal de commerce de Créteil (94). Dès le lendemain, un administrateur se présentait au siège de la compagnie pour résilier tous les contrats et organiser les licenciements collectifs. Les 3 200 salariés devraient recevoir leur lettre de licenciement d'ici au 3 mars prochain. Désormais, le gouvernement assure qu'il va faire « le maximum d'efforts » pour leur retrouver un emploi.

Syndicats pessimistes

Lundi 24 février, le CE devait être consulté sur les volets économique et social du plan de sauvegarde de l'emploi. Une cellule de reclassement doit être mise en place dès cette semaine, près d'Orly (avec des antennes en province), pour « six mois, dans un premier temps », a précisé Gilles de Robien, le ministre des Transports, « relativement optimiste pour qu'en 2003, une grande partie du personnel d'Air Lib puisse être reclassée ». Un optimisme loin d'être partagé par Gilles Nicoli, délégué syndical CFDT, qui estime qu'il va falloir « au moins deux ou trois ans ».

Par ailleurs, suite à une demande du gouvernement mais aussi des syndicats, qui réclament l'application de l'article L122-12 du Code du travail, l'association pour la coordination des horaires (Cohor), chargée de la répartition des créneaux aériens, a indiqué que les créneaux d'Air Lib pourraient être attribués aux entreprises qui proposeront une reprise des contrats de travail.

Quelques propositions

D'ores et déjà, la compagnie privée française Aigle Azur a annoncé une augmentation de ses fréquences vers l'Algérie, et 160 recrutements destinés « en priorité aux salariés d'Air Lib ». De même, Air Littoral s'est déclarée candidate à la reprise de la ligne Paris-Figari, ainsi que des dessertes vers l'Algérie, et a assuré qu'elle pourrait reprendre une cinquantaine de salariés d'Air Lib par ligne.

Air France a également fait connaître son intention d'embaucher 1 000 ex-Air Lib en 2003, sans toutefois réclamer en échange l'attribution de créneaux. De même, la SNCF, la RATP ou encore Aéroports de Paris, qui avaient été reçus en début de mois par le ministre des Transports, ont annoncé qu'ils se montreraient « accueillants » vis-à-vis des ex-Air Lib.

Les syndicats restent pourtant dubitatifs face à ces propositions. Sur ces 1 000 postes, en effet, 500 relèvent d'un plan de départs en préretraite progressive, signé en 1999, que la compagnie n'avait jusque-là pas appliqué. Les 500 autres seront fonction de la "conjoncture". Or, les syndicats craignent qu'une guerre en Irak vienne refroidir les intentions d'Air France.

Les pilotes oubliés

Le SNPL d'Air France (syndicat majoritaire chez les pilotes) dénonce, en outre, le fait que ces postes ne concernent que les personnels au sol et navigants commerciaux (hôtesses et stewards). Les 385 pilotes d'Air Lib semblent en effet les grands oubliés des efforts de reclassement.

Enfin, les représentants rappellent qu'à l'été 2001, à l'occasion de la reprise d'AOM-Air Liberté par Jean-Charles Corbet, qui avait débouché sur 1 500 licenciements, les entreprises pu- bliques de transport, déjà appelées à la rescousse, avaient promis un millier d'embauches. Or, si 597 anciens d'AOM ont retrouvé un emploi chez Air France, plusieurs centaines d'autres ont vu leur embauche leur échapper à la suite des attentats du 11 septembre.

En outre, affirme Hervé Alexandre, secrétaire national de l'aérien à la fédération transport-équipement CFDT, « il n'y a jamais eu de véritable bilan du reclassement des ex-AOM. On a entendu parler de 30 embauches chez ADP, de quelques recrutements à la SNCF et au sein d'autres compagnies aériennes, mais, au total, on estime à seulement 30 % la part de salariés qui ont retrouvé un emploi ».

Plan social annulé chez Corsair

La compagnie aérienne du groupe Nouvelles Frontières a annoncé, le 20 février, qu'elle avait décidé de suspendre les 170 suppressions de poste annoncées en août 2002, suite à la mise en liquidation d'Air Lib. Corsair va, en effet, renforcer ses fréquences en direction des Antilles et aura donc besoin de personnel supplémentaire.