logo Info-Social RH
Se connecter
Newsletter

SANS

Succès chez PPR, échec chez Technip-Coflexip

SANS | publié le : 18.02.2003 |

L'implantation réussie de Unite chez Brylane, une filiale de Pinault-Printemps-Redoute, semble devoir beaucoup à la coopération réussie entre les syndicats français et américains. En revanche, l'échec du Swat chez Gulf Marine Fabricators souligne le poids du contexte local.

«Un succès pour la solidarité sans frontières. » Les syndicats américains AFL-CIO et Unite, et leurs homologues français CFDT, CGT et FO, ne cachaient pas leur satisfaction à l'annonce, le 29 janvier dernier, de l'implantation du syndicat Unite dans l'entreprise Brylane, une filiale de PPR. Ainsi s'achève une bataille qui a duré près de quinze mois (voir Entreprise & Carrières n° 622), et qui a donné lieu à une coopération syndicale transatlantique inédite. Pour Bruce Raynor, président de Unite (textile et habillement), « l'aboutissement de ce conflit démontre le pouvoir collectif des salariés à travers le monde, dès qu'ils s'organisent par-delà les frontières ». Les 750 salariés de Brylane, situé dans l'Indiana, vont maintenant pouvoir bénéficier d'une convention collective.

Activités antisyndicalistes

Tout commence le 9 novembre 2001. Ce jour-là, les syndicats CFDT, CGT et FO de PPR annoncent l'envoi d'une délégation dans l'Indiana, pour vérifier les conditions de travail des salariés et le respect du droit syndical au sein d'une filiale du groupe. Après plusieurs tentatives pour s'implanter, en vain, chez Brylane, Unite a, en effet, décidé de demander l'aide de ses homologues français pour qu'ils fassent le relais auprès de PPR et de l'opinion publique. La délégation revient avec un épais dossier sur les « activités antisyndicalistes d'un cabinet d'avocats américain », Ice Miller, célèbre union buster (chasseur de syndicats), chez Brylane.

Commence, alors, un travail de lobbying auprès du propriétaire, Redcats, et de la maison mère, PPR. Le 21 février 2002, c'est une délégation de Brylane qui se rend en France pour demander à Redcats l'autorisation d'implanter Unite. En mai, le cas de Brylane est publiquement évoqué au cours de l'assemblée générale des actionnaires de PPR. Deux mois plus tard, en juillet, la question est de nouveau exposée devant une cinquantaine d'actionnaires institutionnels de PPR et d'analystes financiers, réunis à l'initiative de l'AFL-CIO.

Consultation des salariés

Finalement, Unite et Brylane parviennent à s'entendre sur une consultation à bulletin secret des salariés, procédure demandée par la direction (le syndicat souhaitait un décompte des cartes d'adhésion). Si le résultat est positif pour Unite, il sera reconnu par l'entreprise. Dans le cas inverse, Unite s'engage à ne plus mener de campagne de syndicalisation chez Brylane pendant un an. A l'issue du vote, le 28 janvier dernier, Unite l'emporte avec 52 %.

Si PPR affirme ne pas être intervenu dans cette affaire, tout en soutenant Brylane sur la procédure de vote à bulletin secret, plusieurs interlocuteurs estiment, au contraire, que le groupe a pu demander à sa filiale de ne plus retarder le vote, en échange d'une procédure de consultation à bulletin secret. Dans cette hypothèse, l'appui des syndicats français aurait été décisif.