logo Info-Social RH
Se connecter
Newsletter

SANS

Quel avenir pour les jeunes en fin de contrat ?

SANS | publié le : 18.02.2003 |

Alors que les premiers contrats emplois-jeunes touchent à leur fin, les jeunes revendiquent le droit de rester en poste tandis que de larges interrogations subsistent sur la pérennisation des activités créées. Le gouvernement maintient quelques aides transitoires et prépare d'autres projets plus flous.

Présentée comme une mesure gouvernementale sans précédent pour enrayer le chômage des jeunes, le programme "Nouveaux services emplois-jeunes" devait également favoriser la création d'activités répondant à des besoins émergents ou non satisfaits et présentant une utilité sociale.

225 000 jeunes encore en poste

Depuis sa mise en place, fin 1997, 360 000 jeunes sont passés par le dispositif et plus de 272 000 postes ont été créés. Sur les 225 000 jeunes encore en poste, environ 73 000 achèvent leur contrat dans le courant de l'année 2003, dont 20 000 dans l'Education nationale, 23 000 dans les collectivités territoriales et 22 000 dans les associations. Sans grand espoir de le voir prolonger. « Il a toujours été entendu qu'il s'agissait pour l'Etat d'accorder une aide de cinq ans pour qu'un porteur de projet puisse développer une activité d'utilité sociale et trouver les moyens de son équilibre financier durable, indique-t-on au ministère des Affaires sociales. Traduction : les emplois-jeunes n'ont jamais été une promesse d'embauche en CDI.

Amertume

Sur la forme, les emplois-jeunes en conviennent. Sur le fond, ils sont amers. « Nous avons partout apporté la preuve de notre utilité. Les compétences que nous avons acquises et les activités que nous avons développées relèvent du secteur public et non du secteur marchand. Le gouvernement fait le choix de nous renvoyer, pour la plupart, à la précarité et de se désengager des services publics », dénonce Amal Dahmani, co-organisatrice du réseau national qui regroupe 35 collectifs d'emplois-jeunes.

De fait, de nombreuses missions assurées par les emplois-jeunes relèvent de la compétence de l'Etat et doivent être, au moins en partie, financées par lui. C'est le cas des animateurs menant des actions de sensibilisation aux énergies renouvelables ou des auxiliaires de vie scolaire des enfants handicapés.

Plan gouvernemental

Alors, quel avenir ? Au niveau national, un plan gouvernemental doit permettre d'accompagner les jeunes dans leur sortie du dispositif et les employeurs dans la consolidation des activités : fiche bilan et dossier employeur pour tracer les perspectives des actions de professionnalisation suivies, démarche diagnostic menée par les comités de bassin d'emploi...

Sur un plan financier, seules les associations bénéficieront, au cas par cas, de mesures transitoires, et il y a peu de chances pour que l'Etat prenne en charge la totalité de la facture. Il faudra, donc, trouver des financements hybrides, faisant appel, par exemple, aux collectivités locales, elles-mêmes en recherche de solutions pour pérenniser les postes des ex-emplois-jeunes. Pour ceux-ci, qui souhaiteraient demeurer dans la fonction publique territoriale, dans l'Education nationale ou dans la police, le concours reste la seule voie autorisée.

Les deux autres programmes du gouvernement destinés aux jeunes, le contrat-jeune et le Civis (contrat d'insertion dans la vie sociale), s'adressent à des jeunes sans qualification. Ce que ne sont pas les emplois-jeunes.

Une note d'espoir : en septembre 2001, deux tiers des 73 000 jeunes qui avaient quitté le programme de manière anticipée avaient un emploi. Mais, depuis, le marché du travail s'est profondément modifié.

L'essentiel

176 000 contrats emplois-jeunes arrivent à terme en 2003. Ils seront 60 000 en 2004, 40 000 en 2005 et autant en 2006. Les 12 000 derniers contrats se termineront en 2007.

2 Les aides-éducateurs, s'ils veulent demeurer dans l'Education nationale, n'ont pas d'autre choix que de tenter des concours dits de troisième voie. Un avenir identique s'ouvre aux emplois-jeunes des collectivités locales et de la police. Mais ces concours ne leur sont pas réservés, sauf, en partie, pour les gardiens de la paix.

3 La situation est temporairement plus favorable aux emplois-jeunes des associations qui peuvent encore disposer d'une aide pendant trois ans grâce à l'épargne consolidée et à la convention pluriannuelle.

Le conseil général de Haute-Garonne intègre ses emplois-jeunes

Le conseil général de Haute-Garonne a décidé d'intégrer l'ensemble de ses emplois-jeunes, soit 220 personnes, comme fonctionnaires publics territoriaux. Un dispositif sas a été mis en place en attendant la réussite aux concours. Pour assurer de bonnes conditions de préparation aux examens, la formation des 220 emplois-jeunes a été intégrée dans le plan de formation du conseil général.

Recrutés en grande majorité sur des créations de poste (toutes catégories confondues), les emplois-jeunes du conseil général ont créé de nouvelles fonctions : agent d'accueil et de médiation sociale, coordinateur de gérontologie, expert en système d'information géographique, architecte du paysage... Tous ces nouveaux métiers ont besoin, aujourd'hui, d'être pérennisés. Dès son entrée en fonction, chaque emploi-jeune a pu bénéficier d'un stage d'adaptation de 20 jours, mêlant connaissances générales sur la fonction publique, textes administratifs, techniques d'accueil du public et de bureautique. Durant la deuxième année, certains ont suivi une formation qualifiante. « Nous n'avons pas attendu la fin des emplois-jeunes pour mener une politique incitative d'intégration à la fonction publique », explique-t-on au service des ressources humaines. En 2002, 95 emplois-jeunes ont été inscrits à des formations délivrées dans le cadre du CNFPT (Centre national de la fonction publique territoriale) de Midi-Pyrénées, pour des sessions de six mois, à raison d'un jour de formation par semaine. Ceux qui seront recalés pourront également tenter le concours de troisième voie fin 2003, ouvert spécifiquement aux emplois-jeunes.

Laurence Lafosse