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Une innovation qui se cherche encore

SANS | publié le : 11.02.2003 |

Imaginé en 2000 pour réguler les relations sociales sur un site qui concentre douze entreprises de tailles différentes, dans le but de produire une même voiture, le forum social de Smartville cherche encore sa légitimité.

«Le forum social existe toujours ! Il joue le rôle d'une soupape où peuvent éclater les tensions entre les dirigeants et les délégués du personnel des entreprises concentrées sur le site », annonce Pascal Khün, directeur des ressources humaines de Smart France. Toutes les six semaines, le forum social de Smartville confronte, pendant au moins deux heures, les dirigeants des entreprises et les élus des salariés. En janvier, l'ordre du jour comportait, outre les informations de Smart France sur l'évolution de la marque et les animations culturelles et sportives, huit points, proposés par les salariés, sur les conditions de travail et l'avenir à long terme du site.

Aucun pouvoir

Cette structure, relativement informelle et dépourvue de tout pouvoir de décision, n'est pas encore considérée comme incontournable dans la vie de la filiale de DaimlerChrysler, implantée à Hambach (Moselle). « Cette instance ne peut pas jouer de rôle important, car elle n'a pas de pouvoir sur le fonctionnement des petites entreprises dans lesquelles existent de véritables tensions entre les salariés et la direction. Les délégués peuvent soulever des problèmes concernant les conditions de travail, mais rien n'oblige les patrons concernés à en tenir compte. Même Smart France, le donneur d'ordres, n'a pas de moyen pour intervenir dans les conflits internes de ces entreprises. Ainsi, avant Noël, le forum social n'a pu prévenir un débrayage de quelques heures chez VDO », critique Roger Caudy, responsable CGT de Moselle.

Des syndicats réticents

La CGT, majoritaire, réclame une structure qui disposerait de toutes les prérogatives juridiques d'un comité d'entreprise, pour l'ensemble des entreprises du site. « L'intégration des sous-traitants sur un même site augmente les exigences de productivité et divise le personnel par la multiplicité des statuts et des conditions de travail, très variables selon les entreprises », juge le syndicaliste. Moins revendicative, la CFDT, signataire en décembre dernier des accords sur l'augmentation de la partie variable des rémunérations, ne s'enthousiasme pas pour autant pour le forum social, qu'elle considère comme un simple lieu d'échange d'informations et d'avis.

Un moral en baisse

Pascal Khün voit dans les réticences des syndicats un symptôme de la crise de croissance de la marque automobile. « Avec le lancement du second modèle de la marque Smart, nous passons à l'âge adulte sur le plan industriel. L'enthousiasme lié aux premières années de la création d'une nouvelle automobile s'estompe. Les plans sociaux à répétition qui frappent la Lorraine brisent le moral des salariés. Lors de la réunion de janvier, un délégué nous a posé une question significative de l'état d'esprit qui règne dans les ateliers : "Pouvons-nous prendre des crédits ?". Au départ, le forum devait permettre d'anticiper et, si possible, d'éviter les conflits susceptibles de se propager d'une entreprise à l'autre. Dans une période sans tensions majeures, il devient l'un de nos moyens pour favoriser la motivation du personnel », explique le DRH. Il insiste sur l'importance de ce temps régulier d'échange entre les partenaires sociaux pour impliquer le personnel dans les activités communes au site : culturelles, sportives, caritatives, festives.

D'autres outils, comme un journal de site, une bourse d'emplois favorisant la mobilité entre les entreprises, une réunion hebdomadaire des responsables des ressources humaines, complètent le dispositif. Par ailleurs, la direction des ressources humaines conduit un plan d'amélioration des conditions de travail fondé sur une enquête à domicile qui, cette année, a connu un taux de réponse de 55 %.

Pour Pascal Khün, cet ensemble de mesures a joué un rôle non négligeable dans la baisse du taux d'absentéisme, qui est tombé à 3 % sur la moyenne des quatre derniers mois de 2002, et dans la mise en place d'une modulation des rythmes de production, dans le sens d'une plus grande flexibilité. La CGT et la CFDT minimisent, en revanche, le rôle du forum dans ces résultats qui découlent, selon elles, d'incitations financières négociées dans les comités d'entreprise.

REPERES

Effectif total

1 815 salariés en CDI, dont : Smart France 773 Magna Chassis 164 Magna Doors 112 Surtema : peinture 222 DNF 234 KASF 68 Cubic 21 Schenker 21 Panopa 28 Mosolf 41 VDO 131

100 salariés en CDD.