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Comment la RATP gère le suicide voyageur

SANS | publié le : 11.02.2003 |

«Un accident de voyageur nous oblige à patienter en station » : pour les usagers de la RATP, cette petite phrase est parfois devenue banale. Pour le conducteur du métro qui la prononce, elle ne l'est jamais. Elle résume l'un des événements les plus traumatisants auxquels il peut être confronté : lui-même, ou son collègue de la rame précédente, vient de voir quelqu'un se jeter sous son train. En dix ans de carrière, un conducteur de métro a une probabilité de un sur trois de vivre un tel accident. En 2002, on a comptabilisé un suicide mortel tous les quatre jours dans le métro parisien.

La direction a pris en compte ce type d'événement, considéré comme un accident du travail. Depuis 1999, une cellule psychologique spécialisée est prête à intervenir immédiatement, 7 jours sur 7 et 24 heures sur 24, au téléphone, mais aussi, si besoin, sur le lieu de l'accident.

25 psy pour la RATP

L'IAPR (Institut d'accompagnement psychologique post-traumatique de prévention et de recherche), qui compte 40 psychologues cliniciens, est une structure indépendante de la RATP, mais montée en partenariat entre la Régie et la mutuelle GMF. Un secteur qui emploie 25 personnes s'occupe exclusivement de la RATP. « Nous proposons une intervention post-traumatique immédiate, un suivi psychologique ponctuel et des entretiens thérapeutiques, plus approfondis », résume Luc Giraud, responsable de cette cellule.

De la formation, qui concerne surtout l'entourage professionnel et l'encadrement, est aussi mise en place, pour l'aider à reconnaître l'événement de façon appropriée, sans évitement, mais sans compassion. « Les conducteurs peuvent refuser d'en parler pour ne pas fragiliser un système de défense collectif, qui consiste à faire de ces événements un simple risque du métier », poursuit Luc Giraud. L'activité de l'IAPR permet aux conducteurs d'exprimer la souffrance et le sentiment de culpabilité et d'éviter le refoulement. Chez certains d'entre eux, les difficultés psychologiques peuvent apparaître deux ou trois ans après l'événement.