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Le soutien psychologique aux salariés se développe

SANS | publié le : 28.01.2003 |

Stressés, harcelés, déprimés, les salariés ne seront plus seuls : les entreprises sont de plus en plus nombreuses à traiter leur souffrance en faisant appel à des sociétés spécialisées dans le soutien psychologique. Un marché encore émergent dans l'Hexagone mais très convoité.

Montée du stress, du harcèlement moral dans les entreprises, ou apparition d'une offre inédite de services aux salariés ? Les deux facteurs sont certainement corrélés pour expliquer l'essor de l'accompagnement psychologique personnalisé des salariés en difficulté. Quelques sociétés présentes sur ce créneau offrent, ainsi, aux salariés des entreprises adhérentes, des consultations au téléphone avec des psychologues. Pression des objectifs, consommation d'alcool devenant régulière ou abusive, voire difficulté de communication avec ses grands enfants... : la ligne est ouverte 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7 pour en parler.

Signe des temps, le groupe d'hôtellerie Accor, via sa filiale Accor Services, se prépare à attaquer le marché hexagonal. Présente depuis plusieurs années dans le domaine du soutien psychologique aux Etats-Unis, en Australie, en Suède et en Grande-Bretagne (1 100 clients, 4,8 millions de salariés concernés), la multinationale considère, aujourd'hui, les entreprises fran- çaises mûres pour proposer ce type de prestation à leurs collaborateurs. « Aux Etats-Unis et en Australie, 80 % des entreprises y ont recours. Cette problématique est parfaitement intégrée par les DRH. En France, nous allons nous servir de notre expertise acquise dans ces différents pays », souligne Laurent Thérézien, directeur international du marketing et du développement d'Accor Services. Ayant d'ores et déjà finalisé son offre commerciale, Accor Services affirme être en pourparlers avec plusieurs groupes français.

La prestation reposera sur de l'assistance au moyen du téléphone, de l'Internet et d'entretiens en face à face. Parallèlement, Accor Services devrait, dans le courant de l'année, développer cette activité sous une marque unique pour l'ensemble de ses marchés. « Les entreprises françaises se sont tout d'abord souciées de la qualité de vie de leurs salariés (garde d'enfants, transport, aide juridique...). Elles prennent aujourd'hui conscience qu'il est nécessaire de traiter leur souffrance », observe le responsable.

« 50 % des arrêts de travail ont une origine psychosomatique, remarque, de son côté, Jean-Hubert de Kersabiec, directeur général de Solareh en France. Et le stress fait peser des risques de baisse de vigilance, conduit à des accidents ou des maladies. » Sa société, d'origine québécoise, filiale de la Scor, premier réassureur français, travaille, depuis longtemps, sur la population des salariés en arrêt de travail, avec un service "Réadaptation". L'objectif est de limiter la durée de ces arrêts et de faciliter la reprise d'activité (lire page 23). L'autre programme de Solareh, intitulé Posaction, proposé depuis mai 2000, s'inscrit dans une forme de continuité, puisqu'il s'agit, cette fois, de tenter d'éviter les arrêts pour maladie ou accident en traitant des difficultés d'ordre psychologique, avant qu'ils ne surviennent.

L'originalité de l'offre tient aussi à son canal de diffusion. En effet, elle n'est pas proposée en direct aux entreprises, mais plutôt, dans le cadre d'une convention de partenariat, aux assureurs qui l'inscrivent dans leur contrat de prévoyance, au chapitre des garanties arrêts de travail. « Nous avons inscrit cette offre de services dans nos propositions de garantie, sans coût supplémentaire, explique ainsi Carole Huriot, directrice de la communication du groupe Magdebourg. Quelque 30 000 salariés de PME et TPE peuvent en profiter. De mai 2000 à août 2002, 38 personnes l'ont utilisée, pour un total de 243 heures. » La communication est facturée à hauteur de 105 euros de l'heure à l'assureur. AGF ou Quatrem (MMA et Médéric), notamment, ont aussi inscrit Posaction dans leur offre.

Des DRH décomplexés

Travaillant, elle aussi, pour le compte de compagnies d'assurance - son marché d'origine -, la société d'assistance psychologique Psya (voir l'article consacré à OGF), qui emploie une quinzaine de psychologues cliniciens, cible, depuis début 2002, les entreprises. Jean-Marie Gobbi, son fondateur et directeur général, qui refuse de communiquer ses résultats financiers, indique compter une dizaine d'entreprises parmi ses clients, ainsi que deux syndicats de salariés, dont le Syndicat national des banques CFE-CGC et ses 9 000 adhérents. « Les DRH sont, aujourd'hui, décomplexés sur la question, notamment parce que le cadre réglementaire, en particulier sur le harcèlement, les pousse à aller de l'avant. En outre, les entreprises ont une approche de gestion des RH qui prend davantage en compte la dignité de la personne humaine », soulève Jean-Marie Gobbi. Lequel reconnaît avoir découvert cette activité lors de voyages d'étude au Canada et aux Etats-Unis : « Dans ces pays, il est courant de voir des plateaux comptant une centaine de psychologues répondre à la détresse des employés. »

Gérer la souffrance

Plus modeste, mais très actif sur ce segment, l'Institut d'accompagnement psychologique post-traumatique de prévention et de recherche (IAPR) intervient pour gérer la souffrance des salariés victimes d'agressions physiques ou d'actes répétés d'incivilité. Créée conjointement par la GMF et la RATP, en 1999, l'association travaille désormais pour la fonction publique, les collectivités territoriales, et les entreprises du secteur privé, notamment pour le compte des grandes enseignes de la distribution.

L'essentiel

1 Très répandu dans les entreprises anglo-saxonnes, notamment américaines et canadiennes, le soutien psycho- logique aux salariés commence à percer en France.

2 Le groupe Accor devrait, via sa filiale Accor Services, investir prochainement ce créneau, pour l'instant occupé par des entreprises très spécialisées, telles que Solareh ou encore Psya, dont les activités étaient, à l'origine, dirigées vers les compagnies d'assurance.

3 OGF, leader français des services funéraires, met à la disposition de 5 200 de ses collaborateurs une ligne télé- phonique d'assistance psychologique. Objectif de son DRH : « Professionnaliser la gestion du stress de ses salariés ».

Solareh : des solutions venues du Canada

Installée en France depuis quatre ans, Solareh SA, filiale de l'entreprise québécoise Solareh Inc. et de la Scor, premier réassureur français, fournit une offre de services très particulière aux entreprises et à leurs assureurs. Cette approche a fait ses preuves au Canada.

Dans le cadre du service "Réadaptation", grâce à un réseau de psychologues partenaires, Solareh accompagne les salariés en arrêt de travail depuis plus de trois mois et les aide à reprendre leur activité dans de bonnes conditions. L'autre service, "Transition", concerne les salariés en arrêt depuis moins de trois mois. Il s'agit, cette fois, d'aider la personne à reprendre rapidement pied dans la vie active et d'éviter « un dérapage de l'arrêt de travail », explique Jean-Hubert de Kersabiec, directeur de Solareh.

Coût de l'intervention : 1 250 euros environ pour un arrêt court et 4 600 euros environ pour un arrêt de plus de trois mois. A comparer aux quelque 75 000 euros dépensés, sur trois ans de longue maladie, par un assureur. L'offre de Solareh a séduit nombre d'assureurs de PME, qui l'ont incluse dans leur garantie "arrêt de travail".