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SANS

Le poids des vieux démons

SANS | publié le : 26.11.2002 |

La nature humaine est capable du meilleur, mais il lui arrive aussi de se laisser rattraper par ses vieux démons. Sous stress, c'est pire : les démons prennent carrément le pouvoir. Prenons, par exemple, le besoin de savoir et la soif de contrôler. Ces deux-là fonctionnent comme des drogues. Au début, une cigarette ou un peu d'alcool, ça ne fait de mal à personne, n'est-ce pas... ? Puis l'envie se transforme en besoin irrépressible et, finalement, en dépendance maladive. On est devenu "accro", on ne peut plus s'en passer.

Le besoin de savoir commence banalement par la curiosité, l'envie de connaître. Cette soif de découverte et de compréhension est extrêmement légitime. Elle constitue même le moteur de l'évolution humaine. Mais le danger arrive quand elle se pervertit. On veut toujours en savoir davantage, on ne supporte pas de ne pas posséder tous les éléments avant de décider, on ne tolère plus l'incertitude. L'envie de savoir devient alors un besoin maladif : le démon a trouvé sa victime. La personne entre dans un cercle infernal. Cumuler toujours plus d'informations, être à l'affût de toutes les nouvelles, décisions et même rumeurs. Collectionner les moindres données sous forme de tableaux, statistiques ou indicateurs. Empiler les dossiers (on ne sait jamais), vouloir tout lire (ne passer à côté de rien), le rêve étant d'avoir réponse à tout, et, surtout, de calmer son angoisse face au futur.

Malheureusement, c'est peine perdue. La "frénésie de certitudes" ne mène à rien. Notre monde étant fait de changements accélérés, nous sommes tous voués au management de l'incertain. Ferons-nous partie du voyage ?

La soif de contrôler est tout aussi destructrice. Mais semblant mieux connue, elle nous apparaît moins dangereuse. Le besoin de savoir serait-il passé par là ? Effectivement, on croit avoir tout dit et écrit sur le contrôle. Mais le sujet reste inépuisable. En entreprise, cela se traduit surtout par les résistances à déléguer, partager l'information, faire confiance, travailler d'égal à égal. Mais on observe aussi le besoin de vérifier les dossiers derrière les personnes, contrôler le temps (horaires de réunions, lieux, délais...) et, chez certains, la nécessité de se désynchroniser systématiquement du groupe. Sont fréquentes également la distorsion de l'information et la manipulation des personnes pour aboutir à ses fins. Le démon du contrôle a la vie dure. Imaginez l'Hydre de Lerne : vous tranchez ses multiples têtes, elles repoussent instantanément.

Alors, osons raisonner autrement. L'inverse du contrôle, c'est la confiance. Confiance en l'autre, confiance en la possibilité d'une coopération, foi également en l'avenir. Reconnaissons-le, le muscle est rouillé. On ne sait plus être ouvert à l'autre, dialoguer sans arrière-pensée, avancer dans un climat d'échange et de respect mutuel. Pourtant, imagine-t-on l'entreprise du futur peuplée de frénétiques du contrôle ? Non. Elle sera communicante ou disparaîtra.