En pleine restructuration depuis deux ans et contraint, l'année dernière, de retirer un médicament ayant causé une cinquantaine de décès, le laboratoire pharmaceutique Bayer se serait bien passé de ce vent de protestations au sein de Bayer Diagnostics France.

Depuis le début du mois d'octobre, dix comptables de Bayer Diagnostics doivent former cinq salariés espagnols qui les remplaceront, dès janvier, dans le nouveau pôle comptable du groupe, transféré à Barcelone. « On me vole mon travail », se plaint, du haut de ses trente-deux années de maison, l'une des salariés bientôt licenciés. Comme une autre de ses collègues, en dépression nerveuse, il lui est difficile d'accepter l'arrivée, « du jour au lendemain », de ces jeunes diplômés.

Pourtant, selon la direction, « l'ensemble des salariés concernés ont été informés de cette réorganisation et les instances représentatives du personnel ont donné leur accord sur les modalités et les conséquences de ce transfert partiel ». Côté syndical, on déplore « l'absence de préparation psychologique » et, surtout, le « grand point d'interrogation » concernant les futures missions de ces salariés dans la société. Initialement fixés à mars 2003 - deux mois après la prise de fonction des Espagnols - leur départ pourrait être reporté en raison du rachat d'Aventis Crop Sciences. En attendant d'en savoir plus, le CE et le CHSCT ont saisi le cabinet Alpha-Conseil d'un rapport sur l'impact de ces événements sur la santé et sur les conditions de travail des salariés français. Des enseignements dont devra s'inspirer la direction pour mieux préparer les dix-sept autres comptables des autres branches, qui devront prochainement former leurs successeurs... avant d'être licenciés.