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Michelin en correctionnelle

SANS | publié le : 22.10.2002 |

Pour lutter plus efficacement contre la tradition antisyndicale de la manufacture, la CGT a porté plainte au pénal à l'encontre d'Edouard et François Michelin, du DRH et d'une vingtaine de cadres. Première audience le 27 novembre.

«La discrimination syndicale, chez Michelin, est un phénomène ancien et connu, estime Me Christophe Baumgarten, avocat de la CGT Michelin. L'entreprise a déjà été condamnée une vingtaine de fois aux prud'hommes et en appel, mais, à chaque fois, elle se contente de régler les dommages et intérêts et poursuit sa politique comme si rien ne s'était passé. » C'est pour tenter de casser définitivement ce cercle vicieux que la CGT a décidé de taper plus fort.

Dix-huit dossiers

Le 16 octobre dernier, la Fédération nationale des industries chimiques et le syndicat CGT Michelin ont annoncé avoir cité, devant le tribunal correctionnel de Clermont-Ferrand, François et Edouard Michelin, cogérants de l'entreprise, Yves Blanchet, DRH, 3 directeurs de sites, 12 responsables RH et 9 autres managers de terrain (dont un chef d'atelier), pour discrimination syndicale. Un délit passible d'un an de prison et de 60 000 francs d'amende. Dix-huit dossiers sont ainsi portés devant le juge pénal, qui commencera à les examiner le 27 novembre prochain, 32 autres faisant l'objet d'une action (plus rapide) auprès des prud'hommes.

Infractions poursuivies

« Deux sortes d'infractions sont poursuivies, explique l'avocat du syndicat : les discriminations au quotidien, comme le regroupement des délégués syndicaux dans un même atelier, pour éviter la "contamination", ou encore, la mise au placard de mandatés, mais aussi la discrimination plus générale relative à l'évolution de carrière et aux rémunérations. » En se fondant sur les bilans sociaux successifs, la CGT entend démontrer que ses délégués ont été délibérément écartés des promotions (changement de coefficient ou de catégorie), qu'ils touchent un salaire systématiquement inférieur à la moyenne de celui des salariés de leur coefficient ou encore qu'ils sont pénalisés pour l'attribution de points, servant au calcul des primes de vacances et de départ à la retraite.

Transactions publiques

« Avant d'en arriver à la citation, nous avons envoyé des courriers réguliers à la direction, saisi l'inspection du travail, posé des questions en réunions de DP, sans aucun résultat, souligne François Boisset, délégué syndical central CGT. Une fois l'action lancée, en mars dernier, la direction nous a proposé de transiger, mais en catimini. Or nous voulons que les transactions soient publiques. »

Refusant de s'exprimer sur l'action en justice, la direction de l'entreprise insiste, en revanche, sur la négociation sur le droit syndical entamée, le 12 septembre dernier, qui devrait, notamment, aborder la question des rémunérations des délégués : « Depuis trois ans, il y a une volonté claire et affichée de mettre en place des relations sociales dynamiques et constructives. »