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La crise de Fiat enflamme le débat social en Italie

SANS | publié le : 22.10.2002 |

Un plan social de 8 000 personnes dans la plus grande entreprise du pays : les difficultés de Fiat obligent le gouvernement à intervenir, à l'heure où sa gestion du social suscite, par ailleurs, de nombreux mécontentements.

La crise de Fiat, la plus importante industrie privée du pays, empoisonne le climat social italien. Le groupe de Turin a annoncé, le 9 octobre, un plan social concernant plus de 8 000 personnes (sur 95 000 dans la Péninsule, fin 2001), touchant plusieurs de ses filiales : Fiat Auto, l'équipementier Magneti Marelli et les systèmes d'automation Comau.

S'il était appliqué tel quel, le plan fermerait l'usine de Termini Imerese en Sicile (1 800 salariés) et mettrait en veilleuse celle d'Arese, près de Milan. Les syndicats ont appelé à une grève générale du secteur, prévue avant le 10 novembre. Et beaucoup de salariés ont grossi les rangs des manifestants de la grève générale contre la politique sociale de Silvio Berlusconi, le 18 octobre dernier.

Promesse de solution

Le gouvernement a pourtant demandé à Fiat de revoir sa copie et a annoncé son intention de trouver, d'ici à la fin du mois d'octobre, une solution de sauvegarde des emplois et des sites de production. Et il s'est engagé, le 17 octobre, à initier des réunions tripartites, avec la direction et les syndicats.

Il s'agit du deuxième plan social présenté par Fiat cette année (voir Entreprises et Carrières du 28 mai). Au printemps, le groupe avait déjà annoncé environ 3 000 suppressions d'emploi, et un accord a été signé en juillet. Choisis sur la base de l'âge, les salariés concernés ont bénéficié de la procédure de "mobilité", qui leur permettra de passer directement des indemnités chômage (pendant trois ou quatre ans) à la retraite. Le syndicat FIOM-CGIL s'était refusé à signer, arguant déjà que Fiat ne présentait aucun plan industriel crédible.

Chômage technique

Fiat veut, aujourd'hui, mettre en Cassa Integrazione à zéro heure (chômage technique total), pendant un an, à partir de décembre prochain, 5 600 ouvriers et employés. Quelque 2 000 autres suivraient à partir de juillet 2003. Seule une minorité d'entre eux pourrait revenir au sein de l'entreprise. Les autres bénéficieraient de formations pour un éventuel reclassement. En outre, une "mobilité", soit un accompagnement jusqu'à la retraite, est prévue pour 500 salariés plus âgés. Fiat aurait même demandé au gouvernement de remettre en vigueur la "mobilité longue" (préretraite sept ans avant l'âge légal), mais celui-ci aurait refusé.

L'affaire Fiat n'arrange pas le climat social, particulièrement lourd. Le syndicat CISL redoute surtout que l'Etat ne finisse par puiser les fonds nécessaires à Fiat dans les budgets prévus pour la réforme de l'assistance chômage, lancée l'été dernier. Les tables rondes s'annoncent donc particulièrement délicates. Avec un "ami de la famille" : General Motors, actionnaire à 20 % de Fiat Auto. Le groupe italien pourrait lui vendre les 80 % restants à partir de 2004.