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Le site en bonne voie de réindustrialisation

SANS | publié le : 15.10.2002 |

Un an après le dépôt de bilan de Moulinex-Brandt, entraînant la fermeture de sa filiale Selnor, à Lesquin, le site reprend vie, peu à peu. Sans la Selnor. Mais avec IRM. Ce nouveau venu devrait créer pas moins de 180 emplois.

Le 9 février 2001, 9 heu- res du matin à Lesquin, au sud de Lille. La direction et les représentants syndicaux du site Selnor, filiale de Moulinex-Brandt (groupe Elfi), entament la réunion d'un CE ordinaire. Il ne le restera pas longtemps. Alors que l'ordre du jour vient juste d'être énoncé, le téléphone portable du délégué CGT sonne. A l'autre bout du fil, la nouvelle tombe : un article de La Tribune annonce la fermeture de trois usines du groupe. Celle de Lesquin, chargée de la fabrication de congélateurs et de réfrigérateurs, doit faire partie du lot.

« Voilà comment nous avons appris les projets de la direction, se souvient Christian Dusart, alors DRH de Selnor, aujourd'hui DRH d'ElcoBrandt. Certes, les résultats n'étaient pas très bons depuis plusieurs années. Il y avait déjà eu des plans sociaux, mais de là à envisager la fermeture de notre usine, dernier site, en France, spécialisé dans le froid... »

Trois vagues de licenciements

Les 2 800 salariés concernés (2 200 pour Moulinex Alençon et Cormelles-le-Royal, et 650 pour Brandt Lesquin) devront attendre le mois d'avril pour que le groupe consente à confirmer le plan de restructuration, présenté officiellement en CE quelques semaines plus tard.

Pour les "Selnor", il prévoit trois vagues de licenciements : la première, fin 2001, la seconde, en juillet 2002, et la dernière, en décembre 2002. Mais le projet de plan social est rejeté en bloc par la direction départementale du travail pour constat de carence. Certains points des livres iii et iv étant jugés « non conformes à la législation ». Une victoire pour les salariés, humiliés par des dédommagements financiers dérisoires (153 euros de prime par année d'ancienneté).

Dépôt de bilan

Mais l'euphorie tourne court. « Pendant l'été, de nouvelles rumeurs circulent : il est question, cette fois, de dépôt de bilan », raconte Christian Dusart. Il sera confirmé dès la rentrée. Alors commence une longue attente durant laquelle le travail n'est pas toujours au rendez-vous. « Nos fournisseurs, inquiets, ne nous livraient plus de composants. Notre usine ne pouvait donc plus tourner. Il a fallu renvoyer les salariés chez eux, pendant un mois complet. »

Finalement, sur les quatre candidats à la reprise de Moulinex-Brandt, c'est l'israélien Elco, associé à l'espagnol Fagor, qui remporte la partie. « Son plan promettait de sauver 4 197 emplois sur les 5 311 que compte Brandt en France. D'un point de vue groupe, il était le mieux placé. Mais pas pour nous. » En effet, sur le site de Lesquin, seuls 150 salariés sont repris et un peu plus de 300 sont en sursis pendant neuf mois, grâce à un contrat de sous-traitance. Moins chanceux, les 170 restants sont remerciés. Occupation de l'usine, débrayage... Le ton monte. « Mais sans que jamais nous n'ayons eu à nous plaindre d'un quelconque dérapage », signale Christian Dusart, qui s'enorgueillit, aujourd'hui, du dialogue permanent que les représentants syndicaux et lui-même ont entretenu pendant cette crise. Elco finit par accepter de verser 12 195 euros de prime aux salariés cumulant vingt ans de maison.

Lorsque les cellules de reclassement sont mises en place à Lesquin et à Lens (62), moins de la moitié des "ex-Selnor" les fréquentent. Parmi eux, 44 ont retrouvé un emploi. Du côté des absents, 24 personnes ont refusé tout contact avec elles et 36 sont déjà parties en préretraite.

Embauches prioritaires

Aujourd'hui, ceux encore inscrits à l'ANPE, bientôt rejoints par leurs anciens collègues, en passe d'être dégagés du contrat de sous-traitance, attendent beaucoup d'Ideale Résidence Mobile (IRM). Ce leader français de la construction de mobile-homes a, en effet, installé sa quatrième usine de fabrication sur le site de Lesquin, en septembre dernier. A la clé, 180 emplois en deux ans. IRM s'est engagé à recevoir, en priorité, les "ex-Selnor" ; « 80 sont d'ores et déjà en période d'essai », précise Christian Dusart.

L'affaire Brandt a pris fin le 15 septembre, lorsque l'entité juridique de Selnor a disparu définitivement du site de Lesquin, laissant place à ElcoBrandt, à IRM et à 25 000 m2 vacants.

Rappel des faits

Décembre 2000 : Brandt prend le contrôle de Moulinex.

9 février 2001 : parution d'un article annonçant la fermeture de trois usines dans le groupe, dont Selnor.

Avril 2001 : la direction de Moulinex-Brandt confirme le plan de restructuration.

31 mai : présentation du plan en comité d'entreprise.

Juin 2001 : La DDTE rejette le plan social après constat de carence.

12 septembre 2001 : les sociétés du groupe Moulinex-Brandt déposent le bilan.

15 janvier 2002 : le tribunal de Nanterre désigne Elco comme repreneur.

Février 2002 : ouverture de l'antenne de reclassement.

15 mai 2002 : IRM annonce son arrivée sur le site de Lesquin.