Vingt-huit sociétés appartenant au secteur privé (dont 4 cabinets de conseil et 3 SSII), deux entreprises du service public et un organisme consulaire ont participé, cette année, à la cinquième édition de l'Intranet d'Or. Au total, trente-trois intranets ont été soumis à l'examen du jury (1). Un exercice d'équilibriste pour ses dix membres, compte tenu de la pluralité des réalisations candidates.

Un exemple ? Les coûts de développement de ces intranets se situent dans une fourchette comprise entre 10 000 et 800 000 euros. Quant aux applications proprement dites, elles concernent entre 45 000 et 120 000 personnes ! Une diversité qui, à la lueur des dossiers présentés, n'empêche pas d'observer quelques tendances lourdes.

Instrument de type corporate, de partage des savoirs ou bien outil RH généraliste, l'intranet "à papa" a bel et bien fait son temps. Fini, en effet, l'époque des intranets de publication consistant, pour une entreprise, à transposer sur le réseau des informations institutionnelles provenant des différents supports papier. « L'analyse des projets montre, au contraire, que l'intranet est devenu un véritable outil de communication permettant de dépasser les frontières hiérarchiques. C'est aussi un instrument de GRH qui permet à la fonction personnel de se recentrer sur des actions à valeur ajoutée, ainsi qu'un lieu de rencontre virtuel autorisant le travail collaboratif et la capitalisation des savoirs sans limite temporelle ou géographique », remarque Eric Thoilliez, consultant à la Cegos et chef de projet Intranet d'Or (voir aussi l'interview p. 23).

A ce titre, le palmarès de cette cinquième édition illustre parfaitement cette dernière évolution. Ainsi, le nombre d'intranets consa- crés au partage des savoirs (10 dossiers sur 33, dont 2 mentions spéciales) reflète l'importance grandissante que les organisations accordent à la problématique du knowlegde management. Laquelle peut aussi bien viser des communautés de l'entreprise (les assistantes chez Merck Santé), dans un souci de mutualisation des bonnes pratiques, ou inté- resser des populations beaucoup plus larges, au service d'objectifs hautement stratégiques (le contexte de fusion chez Arcelor).

Autre enseignement : les intranets RH généralistes recouvrent, aujourd'hui, de multiples applications. Après la mise en ligne d'informations statiques (annuaire, règlement intérieur, bilan social, procédures RH, etc.), les outils ont intégré de l'interactivité et des fonction- nalités transactionnelles relatives à la gestion administrative du personnel (demandes de congés, inscriptions aux formations, saisie des notes de frais, etc.). L'e-mobilité, avec la possibilité, pour les salariés, de postuler en ligne, s'enracine également dans l'e-stratégie RH des entreprises.

Chez Schlumberger, l'intranet est même devenu le passage obligé pour qui veut connaître, en interne, les postes vacants dans le groupe. Seules les applications relatives au e-learning paraissent, finalement, en retrait, les entreprises hésitant, semble-t-il, à s'engager sur des projets autrement plus coûteux sans grande visibilité sur les perspectives de retour sur investissement.

MyAL, le site d'Air Liquide, primé Intranet d'Or 2002, montre, de son côté, que les entreprises de dimension internationale souhaitent, désormais, rationaliser leurs outils, qu'elles ont laissés pousser comme des champignons.

Il préfigure aussi ce que sera l'intranet de demain : un point unique d'entrée vers un système d'information complet et homogène, tout en laissant au salarié la possibilité de personnaliser son environnement de travail.