Une fusion permet non seulement de procéder à des synergies commerciales et industrielles, mais également de mettre en commun et d'échanger des bonnes pratiques. Mais avant d'en arriver là, encore faut-il pouvoir les identifier », soulève Robert Dapere, vice-président de la direction des opérations industrielles d'Arcelor, en charge de la qualité et des ressources humaines.

Depuis 1995, année du rapprochement avec Sacilor, le partage des savoirs et des connaissances fait partie des préoccupations majeures de l'entreprise de sidérurgie. Une stratégie qui n'a cessé de s'affirmer depuis.

« Dès 1999, à l'occasion d'une fusion importante avec une entreprise belge, qui avait des ramifications en Allemagne, nous avons pris la problématique du knowlegde management à bras le corps. Nous savions que l'avenir de l'entreprise passerait par une internationalisation accrue et par des phénomènes de concentration. Cela s'est confirmé, en février dernier, avec la création du groupe Arcelor, né du regroupement des activités d'Usinor avec celles du luxembourgeois Arbed et de l'espagnol Aceralia », indique Robert Dapere.

L'intégration de ces trois cultures, le risque de pertes de compétences détenues par les futurs retraités, et les progrès considérables enregistrés par les techniques sidérurgiques ont poussé Arcelor à se doter d'un outil ad hoc.

« Aujourd'hui, note Robert Dapere, nos installations sont ultra-automatisées. Les opérateurs ont un niveau bac professionnel, voire bac + 2. Les agents de maîtrise sont des leaders d'équipes et non des petits chefs. Conséquence : les savoirs sont de plus en plus dilués. » C'est dans ce contexte qu'est née, en juin 2000, l'idée de l'intranet IPS (Intranet de partage des savoirs). Lequel vise des objectifs didactiques (mettre à disposition des sites des informations permettant une évolution permanente du savoir et des pratiques), relationnels (développer et renforcer le "maillage" des savoirs et des pratiques entre les différents acteurs et établissements de l'entreprise) et comportementaux (faire évoluer les comportements individuels et collectifs pour développer une culture de partage et faciliter le travail au sein d'une organisation fortement décentralisée).

« Pour y arriver, nous avons constitué une base de données dans laquelle les salariés peuvent retrouver des exemples de benchmarking industriel », explique Rober Dapere. Une rubrique, intitulée "Histoires de savoirs", permet, au travers de témoignages recueillis grâce aux techniques du story telling et du conte de fées, de faire partager des expériences, ainsi que de diffuser, à grande échelle, des savoirs tacites et implicites.

Opérationnel depuis le début de l'année 2001, IPS est accessible pour tous les sites connectés, soit par le réseau intranet privé via des PC, soit grâce à une connexion "nomade" par réseau téléphonique. Il intéresse actuellement environ 50 % de la population totale d'Arcelor, soit quelque 40 000 utilisateurs. « Notre cible était, au départ, celle des cadres, précise Rober Dapere. Rapidement, nous nous sommes aperçus qu'il fallait l'ouvrir à la communauté des "Usinautes". »

En août dernier, IPS a fait l'objet de 485 sessions dont 361 en France. « D'où notre volonté d'élargir la base de données à nos partenaires espagnols et luxembourgeois. Elle doit aussi gagner en convivialité afin que les collaborateurs s'y rendent spontanément. » Fin 2003, cet intranet devrait être banalisé pour l'ensemble de la France, et concerner toutes les entités européennes fin 2006.