En plein débat sur le coût du travail non qualifié, le livre de Paul Santelmann pourrait faire l'effet d'une petite bombe.

L'auteur dénonce la dévalorisation du travail non qualifié, comme ceux de vendeur, d'assistante maternelle, de maçon, d'agent de service, de concierge, etc., qui exigent de réels savoir-faire et savoir-être.

Outre le problème identitaire corrélé au déni de professionnalisme pour ces personnes, un certain nombre de questions très pratiques s'ensuivent concernant la politique des salaires, des formations, de l'insertion sociale...

Idéologiquement dévalorisé, le travail manuel l'est aussi financièrement, tandis que le même préjugé tenace conduit à contingenter les formations en direction de ceux appelés à exercer les emplois de base, et à limiter la promotion sociale aux bénéficiaires de formations et de diplômes plus valorisés.

Malgré les systèmes d'aide à l'insertion des moins qualifiés, autour de la notion, notamment, "d'emploi aidé", les tendances du marché du travail ont la vie dure.

Devant la récurrente non-coïncidence entre le marché et l'offre d'emploi, il semble temps de s'interroger afin de savoir si les emplois offerts sont vraiment accessibles aux chômeurs en termes de contenu. Convient-il, entre autres, de former ou de qualifier des chômeurs pour les préparer à occuper certains emplois ou, au contraire, de conserver des emplois non qualifiés qui leur seraient réservés ?

Ce dilemme extrême suppose une analyse complexe de la structure de la population au chômage et des enjeux sociaux, économiques, voire culturels, de notre société.

Paul Santelmann est responsable de la prospective dans un grand organisme public de formation. Il est, par ailleurs, chargé d'enseignement à Paris-1 et à Paris-10.