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Les ergonomes en première ligne

SANS | publié le : 17.09.2002 |

Le constructeur automobile cherche, depuis quelques années, à améliorer l'ergonomie de ses lignes de fabrication pour conserver davantage de salariés âgés en poste et prévenir les risques de vieillissement prématuré. Des améliorations qui ne conduisent pas toujours à diminuer le rythme de travail, à l'origine de nombreux troubles de la santé.

Moins d'une dizaine, il y a trois ans, les ergonomes sont aujourd'hui au nombre de 40, répartis entre le siège et les usines du groupe PSA. Mission de ces ingénieurs : apporter leur concours à la conception des nouveaux véhicules et des nouvelles installations dans les centres de production. « L'ergonomie a commencé à faire son entrée dans l'entreprise il y a une vingtaine d'années, mais une impulsion décisive à son développement a été donnée en 2000, lorsque la direction a souhaité se préparer à conserver davantage de salariés âgés au travail », explique Thierry Roger, responsable ergonomie industrielle au service des conditions de travail, un département rattaché à la DRH.

Efficacité productive

Une étude de l'Anact montre, alors, que le vieillissement pose des problèmes en termes de santé des salariés et d'efficacité productive. Il se traduit par des difficultés dans l'exécution du travail, des atteintes articulaires, de la fatigue et une baisse d'intérêt pour la tâche.

La direction cherche une solution dans la création d'une mission centrale des conditions de travail et le recours croissant aux ergonomes, dont les recommandations portent sur l'aménagement des déplacements, la réduction des ports de charge ou l'adoption de postures sans danger.

« L'ergonomie s'est peu à peu banalisée, estime Thierry Roger. Deux ou trois ans avant la mise en production d'un nouveau véhicule, les ergonomes sont consultés sur les procédures d'industrialisation à envisager : quel type de machines acheter, comment les installer, comment les utiliser ? Nous travaillons en direct avec les ingénieurs chargés de la conception des lignes de fabrication, sous la houlette d'un chef de projet. »

Les équipes projets, chargées de la conception des lignes de fabrication, s'appuient sur deux outils. Le premier, dit ECM, permet d'évaluer les conditions de montage des différentes pièces. Le second, baptisé Météo, est un outil de cotation des postes par difficulté croissante, de 1 à 5, inspiré de la méthode Renault. Il permet d'apprécier la charge physique, le traitement de l'information, l'autonomie, l'environnement.

L'ensemble des salariés

Thierry Roger explique : « L'objectif est d'abaisser la pénibilité d'une manière générale, pour l'ensemble des salariés, plutôt que de réserver aux salariés âgés des postes dits "légers", cotés 1 ou 2, hors de la ligne de montage ou à proximité. Au final, nous cherchons à ce que le maximum de postes puissent être tenus par tous, jeunes ou vieux, hommes ou femmes. »

Les syndicats qui ont signé, en mars 2001, un nouvel accord sur l'amélioration des conditions de travail, reconnaissent les apports positifs de l'ergonomie tout en soulignant ses limites. « Dans l'absolu, le travail de l'ergonome est utile, à condition que l'argent ne soit pas un frein à la mise en oeuvre de ses recommandations et que le salarié qui occupe le poste soit associé à la démarche », explique Loris Dallo, secrétaire général de la CGT.

Rythme de travail élevé

« Certes, nous constatons de nettes améliorations en termes de postures ou de gestuelle. Mais le rythme de travail reste toujours aussi élevé, voire s'est intensifié à la faveur des améliorations ergonomiques, regrette Vincent Botazzi, secrétaire général de la CFDT. En résumé, l'opérateur qui travaille dans de meilleures conditions doit souvent travailler encore plus vite. »