Les imposantes paraboles Astra, qui percent le paysage bucolique de Betzdorf, symbolisent l'autre réussite du Luxembourg : les télécommunications prolongent la reconversion à succès du petit pays de la finance. La Société européenne de satellites (SES), exploitante d'Astra, n'est pas pour rien dans cette success-story. La PME de 40 salariés, en 1987, s'est transformée en leader incontesté en Europe (83 % des foyers équipés reçoivent Astra ou ses partenaires), où elle dessert 33 millions de foyers en réception directe, dont les abonnés de CanalSatellite, et 57 millions par le biais des réseaux câblés. L'an dernier, elle a définitivement gagné ses galons de "global player" en rachetant Americom, une filiale de General Electric. L'opération a doublé les effectifs, à 750 personnes.

Au Luxembourg, les techniciens et ingénieurs en télécommunications, parmi les plus brillants de 24 pays, forment un melting-pot de 384 personnes, dont deux tiers sont âgés de moins de 40 ans et 60 % ont moins de cinq ans d'ancienneté. Un parfum de start-up flotte dans le prestigieux château de Betzdorf, siège d'Astra, qui fut la résidence du grand-duc. Tout concourt à favoriser la créativité et la cohésion : les plantes habillent le décor, les tables et chaises en bois invitent à un instant de détente à l'extérieur, le fitness center et la grande salle de sports interne sont à disposition. Les activités sportives et sociales sont gérées par l'"Enterteam", association de salariés dotée d'un budget propre de 200 000 euros.

Le profil de SES Astra rappelle, ainsi, celui des start-up qui souhaitent concilier l'état d'esprit d'origine avec les impératifs de la croissance. La politique de ressources humaines s'efforce d'y aider. Le programme "Leadership training", conduit l'an dernier par Hewitt, a converti près d'un tiers du personnel au management moderne, participatif et responsabilisant, tout au long d'une formation de plusieurs mois, alternant séminaires de réflexion et ateliers de mise en pratique dans l'entreprise. Bien sûr, les stock-options font partie de la panoplie, avec Star's, un programme fa- cultatif lancé il y a trois ans. Tous les salariés ont souscrit une option sur les actions SES à un prix attractif. L'achat s'effectue par tiers sur trois ans, et au-delà, chacun choisit de garder ou de vendre.

Et pourtant, un sondage interne récent révèle que seule une petite moitié du personnel se déclare satisfaite des conditions de travail. Mais l'éclatement de la bulle Internet devrait ramener les jeunes prodiges des satellites à davantage de réalisme. La chute du cours de Bourse rappelle déjà qu'on ne gagne pas à tous les coups, même avec Star's. « Le programme a toujours eu comme premier objectif de faire prendre conscience que notre marché est fluctuant et qu'en cas de baisse, tout le monde est sollicité pour proposer des améliorations », précise Ray van Es, le directeur hollandais des ressources humaines. L'éventuelle persistance de nuages pourrait même introduire des syndicats, notion encore inconnue à Betzdorf. Astra pratique toutefois un large dialogue avec le personnel. Il réunit un comité mixte quatre à six fois par an, fait siéger deux délégués au conseil d'administration et a instauré, depuis le printemps, une rencontre informelle en petits groupes tournants avec le top management, lors du déjeuner du vendredi.

750 salariés avec Americom.

384 salariés au Luxembourg à fin 2001, dont 92 Luxembourgeois, 69 Allemands et 65 Français.

978,2 millions d'euros de chiffre d'affaires en 2001.

524,3 millions d'euros de bénéfice d'exploitation en 2001.