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Tsahal, un vivier pour la Silicon Valley israélienne

SANS | publié le : 28.05.2002 |

La plupart des managers israéliens de start-up sont issus de l'armée, berceau de la technologie civile. Les contacts noués sous les drapeaux et des fonds de capital-risque créés par les anciens de Tsahal facilitent le parcours des jeunes entrepreneurs.

Marius Nacht et Gil Shwed sont des symboles de la réussite du high-tech israélien. Check point, leur start-up créée il y a dix ans, a mis au point les fameux firewall, ces systèmes de sécurisation des réseaux Internet et de protection contre les attaques de hackers.

« Le concept de firewall est une application civile d'un système militaire de surveillance électronique », explique Marius Nacht qui a passé plus de cinq ans à "Mamram", un centre informatique ultra moderne de Tsahal.

Elite de l'armée

Comme lui, de nombreux managers de start-up israéliennes sont issus des unités d'élite de l'armée. A tel point que le secteur de la sécurité informatique constitue une sorte de who's who des anciens officiers de Tsahal. Beaucoup ont découvert la gestion d'équipe et de projets aux commandes d'un F16 ou à la tête d'un programme de R & D de plusieurs millions de dollars. L'armée, qui a réduit à néant en quelques heures l'aviation égyptienne, en 1967, ou détruit furtivement les réacteurs nucléaires irakiens, en 1981, est aussi à l'origine de nouvelles niches technologiques telles que les standards de cryptage ou les messages SMS pour téléphones portables.

Pour Marius Nacht, peu de pays peuvent copier ce système : « Nous avons une formation de haute qualité prise en charge par l'armée, une expérience concrète de plusieurs années avec le meilleur matériel, l'habitude d'aller à l'essentiel en situation de pression et de stress permanent et un véritable esprit de corps. »

Troisième rang mondial des NTIC

Autant de facteurs qui ont pu transformer les jeunes recrues militaires en entrepreneurs de choc et hissés Israël au troisième rang mondial des NTIC : au nord de Tel-Aviv, à Herzliah Pituah, la Silicon valley israélienne, on compte, en effet, plus de 4 000 sociétés high-tech dont une centaine sont cotées au Nasdaq.

Quant à la crise, Israël y résiste plutôt bien. Les investissements dans les start-up ont certes baissé de 25 % ces deux dernières années, mais certains secteurs relèvent déjà la tête avec de belles perspectives de croissance : dans les biotechnologies, les fonds levés ont crû de 40 % en 2001 et la participation massive de l'état hébreu (10 % des participants) au congrès mondial 3GSM de Cannes, fin février dernier, témoigne de la vigueur de l'Internet mobile israélien.

« Les réservistes régénèrent chaque année leurs connaissances et réinjectent en retour des idées nouvelles dans le système », explique Gil Shwed. Le service militaire, étendu jusqu'à 49 ans pour les hommes par une mobilisation annuelle de trois semaines, permet, en effet, une synergie permanente entre le civil et le militaire.

Echange de savoir-faire

Tsahal est aussi un lieu de socialisation pour les nouveaux immigrants et, donc, d'échange de savoir-faire. Uzi Eran et Vladimir Solodovnikov en sont l'exemple type. Le premier est un "surdoué" qui a été repéré par l'armée, dès l'âge de 16 ans, pour suivre un programme de formation scientifique militaire intensif. Le second est un ingénieur aéronautique de l'ex-URSS qui a immigré en Israël au début des années 90. Ensemble, ils ont créé Rayteq Photonic Solutions, une start-up développant des amplificateurs optiques. « Dès son arrivée en Israël, Vladimir a été intégré dans mon unité pour que nous confrontions nos connaissances technologiques et nous avons rapidement compris l'intérêt d'une association dans le civil », raconte Uzi.

Autre atout des start-up israéliennes : de nombreux fonds de capital-risque ont été créés par des anciens officiers. En comparaison, la voie du "start-upiste" européen issu d'une école de commerce est plus complexe. Il doit déployer de nombreux efforts et un temps précieux à créer la confiance pour trouver des fonds. Pour Marius et Gil, les choses sont plus faciles car « une poignée de main échangée lors d'un first Tuesday ne remplacera jamais plusieurs années de mess des officiers ».

Recrutements ajournés en France

Ces dernières années, la chambre de commerce franco-israélienne a orga- nisé des conférences régulières pour inciter les jeunes "cerveaux" juifs-français à émigrer dans la Silicon Valley israélienne.

A ces occasions étaient conviés : les start-up israéliennes et les grands groupes implantés en Israël (Motorola, Intell). Mais, avec l'Intifada palestinienne et la restructuration actuelle du marché high-tech, ces actions ont été provisoirement suspendues.