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« L'entreprise n'est pas innocente »

SANS | publié le : 28.05.2002 |

Entretien avec Patrick Légeron, psychiatre et directeur du cabinet Stimulus.

Trop souvent, les relations professionnelles sont vécues comme une souffrance. Il y a, tout d'abord, ce décalage entre le discours de l'entreprise, la réalité du monde du travail et les attentes des salariés. Aujourd'hui, les entreprises multiplient les formations au management et répètent, à qui veut bien l'entendre, que leur première ressource est l'humain. Mais comment demander à un encadrement toujours plus stressé, soumis à des objectifs parfois irréalistes et à une compétition omniprésente, de pratiquer un management souple et ouvert ? Ce stress fait souffrir les managers, qui vont extérioriser cette pression sous la forme d'agressivité en direction de collaborateurs qui, eux, ne restent pas indifférents. S'ensuivent des formes de management non valorisantes, fondées sur la critique. Les salariés ont de quoi être déçus.

Il y a, ensuite, la violence inconsciente et gratuite liée à des personnalités particulières. Cette réalité ne doit pas, non plus, être sous-estimée. On peut, alors, s'interroger sur le parcours de ces personnes qui accèdent à des responsabilités managériales. Erreur de recrutement ou gestion de carrière préméditée ?

Enfin, je pense que l'évolution psychologique des individus dans nos sociétés n'est pas à négliger. Le respect des autres est une valeur qui semble être tombée en désuétude. La violence au travail ne se résume pas aux seules insultes verbales et aux gestes d'agressivité physique. Elle s'exprime aussi par le mépris, l'absence de valorisation... Il est temps de reconsidérer l'art managérial sous le prisme de l'éthique. »