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Alcatel Illkirch soumet ses salariés aux allers-retours des ateliers

SANS | publié le : 28.05.2002 |

Les produits liés à la fibre optique n'assureront pas la pérennité du site alsacien d'Alcatel, contrairement au plan initial. Le groupe recherche désormais une nouvelle solution industrielle. Il a stoppé la reconversion du personnel et a remis provisoirement celui-ci sur les lignes de fabrication de téléphones portables.

Un aller-retour qui doit précéder une bifurcation : le parcours professionnel des 800 salariés de production d'Alcatel Business Systems (ABS), à Illkirch, suit des trajectoires fort incertaines depuis un an. Fabricante de téléphones portables dans la banlieue de Strasbourg, l'usine devait se reconvertir à partir de l'été dernier vers les produits liés à la transmission par fibre optique. Or, elle retourne provisoirement aux mobiles, en attendant de connaître sa nouvelle vocation, dans les prochains mois.

Crise de la téléphonie mobile

Les secousses des télécommunications expliquent ces allées et venues. Face à la crise de la téléphonie mobile, Alcatel décide, fin avril 2001, de ne plus fabriquer lui-même de GSM en France. Illkirch doit servir le marché de l'optronique (traitement du signal transmis par fibre optique), réputé plus stable parce que professionnel. Mais celui-ci plonge à son tour. A partir de fin 2001, la reconversion des ateliers est ralentie, puis gelée. Fin avril, le groupe a confirmé qu'elle était "compromise" et qu'il s'agissait de trouver une nouvelle activité, probablement dans le cadre d'une cession du site. Dans l'intervalle, Illkirch se redéploie... vers les mobiles qui connaissent un regain de forme, illustré par une hausse de leur production de 25 % sur le site, durant ce premier trimestre, par rapport aux trois premiers mois de l'année passée.

Ces soubresauts ont directement concerné le personnel : 135 opérateurs et techniciens ont suivi, à partir de juin dernier, une formation interne à l'optronique d'une durée de trois à six mois, dont la moitié sur le site Alcatel Optronics de Nozay (Essonne), ... pour rien, ou seulement quelques semaines d'application pour 80 d'entre eux.

Sauts technologiques

Cette formation aurait dû concerner environ 400 salariés supplémentaires d'ici à fin mai, en vue d'une reconversion assez lourde : Illkirch voulait passer de la grande série sur lignes très automatisées à de la petite série faisant appel au travail manuel et à la maîtrise de nouveaux appareils de mesure. « Les sauts technologiques et les changements de production sont connus des salariés, dont l'ancienneté remonte à trente ans pour certains. L'optronique ne leur faisait pas peur », souligne Jacques Frank, délégué CFE-CGC.

« La nouvelle affectation du site devra valoriser cette polyvalence et cette expertise du personnel acquise avec le temps. Actuellement, l'usine dérive vers de la simple sous-traitance », renchérit Dominique Schaeffer, délégué CGT.

Une certitude demeure au milieu de ces points d'interrogation : Illkirch diminuera de taille, quelle que soit sa destinée. Sur l'année, ses effectifs seront passés de 800 à 650 personnes. Pour y parvenir sans licenciement, ABS ne renouvellera pas les départs naturels - environ 10 % du total - et appliquera un nouveau système maison de "congés de fin de carrière". Cet accord, signé en novembre, propose à chaque salarié âgé de 54 ans au moins de ne plus occuper son poste tout en restant salarié d'Alcatel. Il en conserve les avantages et perçoit 45 % de sa rémunération brute, plus un forfait de 300 euros brut - ce qui rend le système intéressant pour les petits salaires -, jusqu'à ce qu'il atteigne le nombre de trimestres de cotisation lui ouvrant droit à la retraite.

ALCATEL BUSINESS SYSTEM (TÉLÉCOMMUNICATIONS)

Effectifs en France : 3 800 personnes, fin 2001, sur les sites de Colombes (1 350), Brest (950, cession en cours à l'américain Jabil) et Illkirch (1 500).

Alcatel Optronics : 1 950 salariés dont, en France, 1 125 salariés, à Lannion (Côtes-d'Armor) et Nozay (Essonne).