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Six cabinets de reclassement et deux sociétés de reconversion sur le pied de guerre

SANS | publié le : 21.05.2002 |

Reclassement et redynamisation vont de pair en Basse-Normandie. Sur 3 003 salariés, 762 seulement ont trouvé une "solution", dont 156 un CDI.

C' est parti ! Huit mois après le dépôt de bilan de Moulinex (le 7 septembre 2001), le reclassement des salariés qui n'ont pas été repris par Seb, se met en place. Six cabinets de reclassement (Nicolle Consultants, Lorenzi Conseil, cabinet IGS, Garon Bonvalot, BPI, PG Consultants), hébergés à proximité de chaque site Moulinex abandonné, travaillent d'arrache-pied avec les services de l'Afpa et de l'ANPE pour accompagner la reconversion des 3 000 salariés licenciés. Entretiens individuels, bilans de compétences, projets de for- mation...

Trois offres d'emploi par salarié

Tous les dispositifs de reconversion sont déployés pour répondre aux obligations très strictes de leur cahier des charges : trouver pour chaque salarié licencié au moins trois offres d'emploi. Ils disposent d'un budget de 4,1 millions d'euros et ont jusqu'à septembre prochain pour accomplir leur mission (février 2003 pour les plus de 50 ans). Ces cabinets prennent également en charge le personnel des deux principaux sous-traitants de l'entreprise, Deal et Marbo.

La réindustrialisation est également engagée avec deux sociétés de reconversion, Sofirem Conseil et Géris Consultants. C'est Michel Bove, délégué interministériel, et son équipe qui pilotent l'ensemble du projet, initialement maître d'oeuvre pour le reclassement des salariés employés dans la sidérurgie Lorraine et les chantiers navals du Havre.

Bilan d'étape ? Sur les 3 003 salariés à reclasser, 762 ont trouvé une "solution", dont, notamment, 156 un CDI, 58 un CDD de plus de six mois, et 106 suivent une formation qualifiante longue durée (voir ci-contre).

Travail de deuil

« Tout le monde n'est pas encore prêt à rechercher du travail, indique Dominique Paris, chargé de mission à la Mire (Mission de revitalisation économique de Basse-Normandie), soit ils n'ont pas fait le deuil de l'entreprise, soit ils n'ont pas envie de retravailler ou bien, à partir de 50 ans, ils jouent la montre pour attendre les préretraites. Mais cette dernière solution est extrêmement dangereuse. Car plus le temps passe, moins ils deviennent opérationnels. »

D'autres comptaient sur la reprise de Moulinex par le groupe américain Conair, qui possède déjà la société Babyliss, mais l'offre a été rejetée par le TGI de Versailles, le 2 mai dernier. « Notre objectif est de reclasser 50 % des 3 000 salariés d'ici au 14 juillet », poursuit Dominique Paris. La moitié du travail a d'ores et déjà été réalisée.

Réindustrialisation

Côté réindustrialisation, les premiers efforts ont également porté leurs fruits. C'est particulièrement vrai à Alençon (Orne), dont l'objectif de créer "1 000 emplois en 1 000 jours" est déjà atteint à 25 %.

Vitraglass, entreprise vendéenne, spécialisée dans le verre, devrait embaucher 150 personnes d'ici à trois ans. Les premières embau- ches auront lieu en septembre ; 16 personnes sont en formation. Le papetier d'art Dalb va créer, de son côté, une trentaine d'emplois. Alençon Plastiques et Adiamas devraient également recruter, à elles deux, 88 personnes. D'autres projets sont actuellement en discussion, agro-alimentaire sur Caen (110 emplois), projet de cosmétique à Falaise (une trentaine d'emplois).

Mais ces nouveaux em- plois vont-ils être accessibles aux ex-Moulinex ? De fait, des écueils existent. Pour Philippe Nicolle, gérant du cabinet du même nom, qui travaille sur le reclassement des salariés licenciés de l'usine de Saint-Lô, la partie n'est pas gagnée d'avance. Les obstacles ? « Les personnes à reclasser sont majoritairement des fem- mes, d'un certain âge (la moyenne d'âge est de 48 ans) et peu mobiles. Or, pour l'instant, les quelques emplois que nous avons trouvés concernent davantage des hommes et des postes situés à 60 ou 70 km de Saint-Lô. De plus, leur compétence n'est pas toujours transférable à un autre secteur d'activité. »

Plan régional de formation

Les reclassements s'orientent, actuellement, outre les emplois dans l'industrie, vers le secteur du transport-logistique (conducteur de poids-lourds, magasinage, gestion des flux...) ou des emplois de service (auxiliaire familiale pour personnes âgées ou handicapées). Un plan régional de formation (avec titre homologué) vient, d'ailleurs, d'être lancé en Basse-Normandie, dans ce domaine.

Mais tout le monde est conscient de la difficulté de la tâche. A Saint Lô, les ex- salariés ont créé une association, baptisée "Les Irréductibles ", avec les délégués syndicaux de l'entreprise, une façon « de rompre l'isolement des personnes et de garder le moral ». Sur 134 salariés, seuls 4 ont trouvé un CDI...

Le bilan moulinex (au 22.04.02)

Personnes à reclasser (adhérentes aux cellules de reclassement) : 3 003.

Solutions provisoires : 303, dont 24 intérim (non choisi) ; CDD de moins de six mois : 51 ; autres (stage, adaptation...) : 228.

Solutions identifiées : 762, dont FNE ou Aca : 319 ; CDI : 156 ; CDD de plus de six mois : 58 ; intérim choisi : 15 ; création d'entreprise : 30 ; projets de vie : 52 ; formation longue qualifiante : 106 ; autres : 26.

Sans solution : 2 241.

Non compté : 158 salariés protégés et une dizaine de salariés employés au sein des cellules de reclassement.