Décidément, c'est une véritable antienne ! Contrairement à ce que trente ans de gestion des RH, selon les critères de la jeunesse et du dynamisme, pouvaient nous le laisser croire, les vieux ne sont pas tous à jeter.
On peut, aujourd'hui, aborder aux rivages de la cinquantaine, voire les avoir un peu dépassés, et être encore tout à fait fréquentable par l'entreprise. C'est du moins ce que s'entendent à nous expliquer des auteurs de plus en plus nombreux qui, l'exemple de Serge Guérin le prouve, ne plaident pas forcément tous pour leur chapelle.
Papy-boom aidant, la tendance est même de trouver de plus en plus de charmes aux quinquas, rebaptisés du nom prometteur de "seniors". Bien sûr, quand les candidats âgés de 30 ans, amplement formés et expérimentés, se pressaient en rangs serrés aux portes de l'entreprise, les seniors manquaient de souplesse d'adaptation, n'avaient plus le profil de l'emploi, coûtaient trop cher à l'entreprise... Bref, étaient bons pour la casse - entendons la préretraite à 50 ans.
Aujourd'hui que la situation de l'emploi s'est un peu rétablie, et surtout que les plus grandes inquiétudes planent sur les régimes de retraite et sur la relève des compétences, ce discours, qui paraissait naguère si convaincant, cède au refrain contraire : les seniors ne sont-ils pas la mémoire vive de l'entreprise? N'ont-ils pas acquis, au fil des ans, ce poli qui assure l'adéquation de l'outil à l'usage et du travailleur à son poste? N'ont-ils pas tout à la fois le savoir, les compétences, le savoir-être qui en font les recrues idéales? Enfin, tout ce qu'on a pu dire dans un sens ne peut-il pas se dédire dans l'autre?
Si d'aucuns en doutaient encore, ce ne devrait plus être le cas après la lecture du Grand Retour des seniors, de Serge Guérin. Tant pis si ceux que l'on avait relégués un peu tôt au noble rôle de grands-parents voient, avec nostalgie, leur échapper cette responsabilité. Les trompettes ont sonné, les temps sont proches : allez, les rhumatisants et autres arthritiques ! Tout le monde le clame : il va falloir se remettre au travail !
Serge Guérin est professeur associé en sciences de la communication à l'université Lyon-2.
Il est âgé de 39 ans et passionné par les questions intergénérationnelles.
