Petite fabrique d'objets en métal pour la table et la maison, lancée en 1921 dans le Piémont, Alessi est devenue, au fil des décennies, le symbole du design italien. Une réputation assise sur une collaboration avec des stars du design : Alessi a réalisé les objets imaginés par quelque 200 créateurs, italiens comme Ettore Sottsass, pour n'en citer qu'un, mais aussi internationaux. Le presse-citron de Philippe Starck ou la bouilloire avec oisillon de Michael Graves se sont affirmés comme des best-sellers de la maison... Alessi, entreprise familiale guidée aujourd'hui par la troisième génération, affronte un nouveau défi : devenue autant un laboratoire de recherche en design qu'une industrie, elle doit attirer et retenir un nouveau type de personnel.

« Les ouvriers représentent désormais moins de la moitié des 450 salariés qui travaillent au siège. Aujourd'hui, nous concentrons nos efforts sur une soixantaine de spécialistes, occupant des postes qui demandent compétence et autonomie », explique Michele Alessi, l'un des trois frères aux commandes. Les effectifs commerciaux du groupe ont explosé, puisque Alessi dispose, à ce jour, de quatre filiales étrangères et de douze boutiques à l'enseigne, une originalité absolue pour une entreprise de ce secteur. D'autre part, la marque a considérablement développé son catalogue, qui propose 2 000 produits, en métal mais aussi en bois, cristal, plastique, porcelaine...

Si les stylistes restent, suivant la tradition maison, de prestigieux collaborateurs extérieurs, une structure toujours plus importante doit suivre en interne tout le développement du produit, comportant des équipes de techniciens, de marketing et de relations avec les designers. « Cette évolution a deux impacts significatifs sur notre politique RH : d'abord, il faut développer l'esprit d'équipe, puisque plusieurs personnes collaborent au développement du même objet. D'autre part, le rôle des "chefs" change et s'amplifie : les spécialistes techniques doivent aussi savoir gérer une équipe », explique Michele Alessi.

La marque s'est toujours distinguée par une grande attention à la qualité du climat de travail. Par exemple, ce sont souvent les membres de la famille qui suivent les relations avec les syndicats. Cette attention à la valorisation des personnes devient un atout pour attirer de nouveaux profils. « Nous sommes à 100 km de Milan, dans une zone qui n'est pas spécialement industrialisée. Certes, nous sommes très enracinés sur notre territoire, et les gens du coin sont fortement motivés pour venir travailler chez nous. Mais ce n'est pas facile de trouver dans notre région les spécialistes dont nous avons besoin... ni de convaincre les Milanais de s'installer ici ! » commente Michele Alessi.

Alessi travaille donc à offrir des conditions attractives : « Nous restons une petite entreprise, ce qui permet aux spécialistes d'avoir une vision transversale des stratégies de la marque. Nous sommes trop petits pour pouvoir proposer des plans de carrière formalisés, mais il est facile pour quelqu'un de se faire remarquer. Du reste, notre turn-over est très bas. » Pour proposer à ses salariés un cadre de vie agréable, Alessi a été jusqu'à fonder un club qui propose des activités sportives ou culturelles, et a pourvu son siège social de terrains de sport...

500 salariés (dont 450 en Italie, au siège de Crusinello).

100 millions d'euros de chiffre d'affaires en 2001.

4 filiales étrangères (France, Allemagne, Royaume-Uni, Etats-Unis).