Comme il convient pour l'une des réformes sociales majeures de ces trente dernières années, la loi sur les 35 heures n'en finit plus d'alimenter le débat politique et social. Que l'on soit - au nom d'arguments philosophiques le plus souvent forts respectables -, pour ou contre la loi et ses conditions de mise en oeuvre, ce qui reste assez flou, c'est l'incidence réelle de cette loi Aubry sur le chômage en particulier et les conditions de travail, voire les conditions de vie, en général. Pour tenter de lever l'ambiguïté qui plane sur cette avancée sociale, quatre des meilleurs experts de l'emploi tentent, à l'aide d'analyses objectives et d'indicateurs chiffrés, d'apporter des réponses aussi complètes que possible sur la question. Au-delà de la difficulté majeure d'apprécier toutes les incidences à moyen et, bien sûr, à long termes, les auteurs dressent un bilan nuancé du dispositif au moment de sa généralisation aux petites entreprises. Certes, l'objectif a été globalement atteint au niveau des créations d'emplois mais de larges zones d'ombre demeurent au niveau de la gestion de l'intensité des rythmes de travail et du stress, sans compter le casse-tête, voire l'aberration pure et simple, que constitue le passage aux 35 heures dans certaines entreprises ou secteurs.

Les auteurs s'interrogent notamment sur le côté "lit de Procuste" qui oblige les entreprises de tous horizons, quelle que soit leur situation particulière, à se couler dans le même moule.