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Le plan d'action libéral italo-britannique

SANS | publié le : 26.02.2002 |

En annonçant leur orientation libérale commune pour l'emploi européen, Tony Blair et Silvio Berlusconi affichent leur volonté de faire émerger un nouvel axe Rome-Londres en Europe provoquant des grincements de dents côté français.

Le sommet européen de Barcelone des 15 et 16 mars prochains risque d'être agité. Ainsi en ont décidé les chefs des gouvernements italien et britannique lorsqu'ensem- ble, ils ont fait connaître, le 15 février dernier à Rome, leur volonté de réformer le marché de l'emploi européen.

Et il ne s'agit pas d'un simple effet d'annonce. En effet, Tony Blair et Silvio Berlusconi en sont déjà au plan d'action, formalisé en trois documents. Le message de fond à retenir : la modernisation passe par la flexibilité. « Il est im- portant de résister à la tentation de retourner aux traditionnelles politiques d'emploi financées et protégées qui auraient des conséquences dommagea- bles sur le long terme, affirment-ils dans leur analyse du marché de l'emploi. Ces politiques peuvent réduire les pertes d'emplois sur le court terme, mais elles sont néfastes pour la création d'emploi à long terme, en faisant reculer les progrès accomplis vers un marché du travail plus flexible et plus efficace. »

Juste équilibre

Pour autant, ils reconnaissent la nécessité de trouver « un équilibre entre le besoin des entreprises d'une plus grande flexibilité et celui d'une sécurité de l'emploi ». Cela passe, selon eux, par le dialogue social, l'acceptation par les partenaires sociaux de discuter d'actions en faveur d'une souplesse dans les horaires de travail, de la réduction des heures supplémentaires et du développement du travail à temps partiel.

Reste à mettre la pression sur leurs homologues. C'est chose faite puisque, pour Tony Blair, le sommet de Barcelone sera un test sur la capacité de l'Europe à mener des réformes. Le plan d'action italo-britannique se veut en effet un appui aux efforts de libéralisation économique menés, depuis le 1er janvier dernier, par la présidence espagnole de l'UE. Le chef du gouvernement espagnol, José Maria Aznar, s'est d'ailleurs dit prêt à signer le document présenté par ses homologues.

Opposition française

Pas question, en revanche, pour le gouvernement français d'adhérer à l'Europe sociale selon l'axe italo-britannique. C'est Elisabeth Guigou, la ministre de l'Emploi et de la Solidarité, qui a pris la plume, le 19 février, pour préciser la position officielle française. Selon elle, le projet italo-britannique préconise la mise en place d'un marché du travail moins réglementé qui ne respecte pas « l'équilibre entre compétitivité économique et progrès social » défini lors des précédents sommets européens de Luxembourg, Lisbonne et Nice.

Elle estime, en outre, que « les moyens proposés apparaissent peu compatibles avec les objectifs de qualité d'emploi, de sécurité économique et de cohésion sociale ». En conclusion, elle tient à préciser que « sur le long terme, les garanties données aux salariés et les performances économiques ne s'opposent pas ; elles sont complémentaires ».

Il existe désormais deux camps et cette attaque en règle contre le couple franco-allemand, moteur historique de l'Europe, devrait obliger certains pays de l'Union à prendre position pour l'un ou l'autre.

Les enjeux du sommet européen de Barcelone

Les 15 et 16 mars prochains, à l'occasion du sommet européen des chefs d'Etat et de gouvernement à Barcelone, les Quinze ont prévu de relancer l'ambition, affichée à Lisbonne en 2000, de faire de l'Union l'économie la plus compétitive du monde à l'horizon 2010. Le principal sujet de débat sera le projet de directive sur la libéralisation des marchés européens de l'énergie (électricité et gaz), qui avait été stoppée net par la France et l'Allemagne, lors du sommet de Stockholm en 2001.

Quatre autres thèmes sont au programme : l'interconnexion des réseaux européens de transport, la création d'un marché unique financier, mais aussi le développement d'un marché du travail plus flexible et capable de créer plus d'emplois, ainsi que l'amélioration des politiques d'éducation et de formation initiale et continue, visant notamment à promouvoir la mobilité des étudiants et des travailleurs.

Un sujet récemment abordé par la Commission européenne, qui a adopté, le 13 février dernier, un plan d'action pour encourager la mobilité professionnelle et géographique dans l'Union avec, pour objectif, l'ouverture des marchés du travail en 2005.